Le gaz naturel est la troisième source d’énergie au monde derrière le pétrole et le charbon. On estime à 23% la consommation d’énergie en gaz naturel contre respectivement 37% et 24% pour les deux premières. Tout comme le pétrole, avec lequel il présente beaucoup de similitudes pour les investisseurs, on assiste depuis 2008 à la démocratisation des méthodes d’extractions non conventionnelles du gaz naturel (le gaz de schiste). Les Etats-Unis, forts de cette technologie, ont surpassé depuis la production russe. Cette dernière reste cependant leader à l’exportation grâce à ses infrastructures (nombreux gazoducs), ses accords internationaux et une politique énergétique exportatrice importante.
Malgré les récents déboires de certaines compagnies américaines sur le marché du gaz de schiste, Total (PA:PA:TOTF) y croit encore. Le groupe français vient en effet de faire l'acquisition de 75% des actifs de la compagnie énergétique américaine Chesapeake (NYSE:NYSE:CHK), ce qui laisse supposer qu’ils parient sur un redressement de la valeur du gaz sur les marchés internationaux. Une stratégie commerciale qui vise sur le moyen, voire le long terme, car on sait que la demande mondiale en gaz est appelée à croître régulièrement, au moins jusqu'en 2025. La firme pétrolière voit loin car avec un baril de pétrole toujours à la traine et un prix du gaz naturel partiellement indexé dessus, la rentabilité des gisements de gaz de schiste ne semble plus être au rendez-vous pour le moment.
Aujourd'hui, le gaz naturel représente plus de 21% de la demande mondiale d'énergie majeure. La demande mondiale de gaz croît de 2,8% par an en moyenne sur ces dix dernières années. C'est une croissance plus rapide que celle de l'énergie en général (2,6%), et que celle du pétrole en particulier (1,3%). Mais ce rythme de croissance est largement inférieur à celui du charbon (4,6%) qui a connu un certain regain d'intérêt depuis 2003. Ceci s'explique majoritairement par une meilleure compétitivité du charbon et par des besoins croissants en Inde et en Chine. Si le gaz connaît une telle embellie, c'est d’abord dû à une demande plus élevée des pays émergents, généralement peu soucieux de la transition énergétique et des rejets de gaz à effets de serre. Cet engouement pour les hydrocarbures dénote un ralentissement de la transition vers les énergies renouvelables qui est recherchée par les grandes nations.
Énergie peu coûteuse et plus facile à extraire que beaucoup, elle se positionne comme une solution à court et moyen terme pour répondre à la hausse de la demande en électricité. Suite à la croissance des pays émergents et l’agrandissement du réseau électrique sur le continent africain, les besoins énergétiques ne feront que croître et il faudra rapidement répondre à la demande. De plus, les réserves de gaz sont suffisantes pour anticiper cette croissance. Environ deux tiers des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, dont la durée de vie au rythme de consommation actuel est de 60 ans, sont concentrées en Russie et au Moyen-Orient.
Grâce à la découverte de nouveaux champs offshore entre l’Asie et l’Océanie, et à la réévaluation de champs existants en dehors de l'Europe, les réserves mondiales ont augmenté de 30% durant la dernière décennie. À cela, il faudrait ajouter les ressources de gaz non conventionnelles, qui représentaient déjà 16% de la production mondiale en 2011, avec une importance croissante. Les ressources mondiales de gaz de schiste encore récupérables seraient si grandes qu’elles sont capables de doubler la capacité actuelle. Ce serait un réel bouleversement pour la géopolitique gazière, si on arrivait à les exploiter de façon durable et économique.
Des investissements sont encore à pourvoir pour résoudre les derniers problèmes liés à l'approvisionnement et au stockage pour permettre au gaz de réellement concurrencer les autres hydrocarbures. Mais la ressource a de quoi prospérer sur les décennies à venir. Sur l’année 2016, le cours du gaz naturel a plus que doublé entre les mois de mars et d’octobre. Une chute soudaine d’environ 25% reste cependant à noter depuis la deuxième moitié du mois d’octobre ; chute qui serait due à une météo plus clémente qu’attendu.
Qu’en est-il maintenant de l’état des lieux graphiques ? Que peut nous dire l’analyse technique après cet état des lieux fondamental ? C’est ce que nous allons regarder dès maintenant…
Bientôt le retournement haussier ?
Que voit-on donc d’assez révélateur sur ce graphique de long terme ?
Nous voyons avant tout que, depuis plus d’une dizaine d’années désormais, les cours du gaz naturel sont bel et bien inscrits dans une lourde tendance baissière.
Celle-ci s’inscrit dans un schéma elliottiste traditionnel en cinq temps, présentant même un cas d’école pour tout amateur de cette savante théorie. A savoir, une vague III bien plus longue que la vague I (ce qui offre la possibilité à la vague V actuelle de se faire en extensions multiples), et des vagues II et IV sous formes elles aussi classiques, en ABC.
– État des lieux
Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus et comme nous l’avons déjà énoncé, les cours du gaz naturel sont, depuis les sommets de décembre 2005, inscrits dans un vaste mouvement de baisse. Celui-ci peut s’analyser en cinq temps :
1. D’abord, jusqu’en septembre 2006, une première vague de baisse qui a trouvé une zone de support autour des 10 dollars, après une chute d’environ 55%.
2. Puis, de septembre 2006 à juillet 2008, un rebond technique en trois temps qui a pratiquement ramené les cours à leurs précédents sommets.
3. Ensuite, entre juillet 2008 et avril 2012, une troisième vague digne d’une descente aux enfers, voyant les cours se déprécier de plus de 85% de leur valeur pour finir sous les 3 dollars !
4. Entre avril 2012 et février 2014, c’est un nouveau rebond technique en trois temps qui a vu les cours reprendre quelques couleurs pour revenir sur la zone de résistance des 6 dollars.
5. Depuis février 2014, de nouvelles velléités baissières ont pris place au sein d’une cinquième vague qui pourrait avoir trouvé un terme sur le point bas de mars 2016 (vers 2,5 dollars).
La véritable question actuelle étant donc de savoir si cette fameuse vague V est aujourd’hui terminée ou si, considérant notamment la chute de 25% de la seconde moitié d’octobre 2016, elle pourrait encore être amenée à se prolonger ?
– Pronostic & stratégie
Au regard de la chute actuelle, il semble techniquement plus propre d’envisager un prolongement de la vague V actuelle. Ainsi, le moindre net passage sous les 2,600 induirait une accélération de la chute avec une zone d’objectifs autour des 1,500 dollar. Cette hypothèse restera privilégiée tant qu’on restera sous les 3,250.
Alternativement en revanche, le net passage au-dessus des 3,250 devrait conduire au test des 4,350 dollars (soit le fort overlap et le retracement de Fibonacci de 38,2% de la baisse actuelle) en amont d’une plus forte reprise possible.