Allemagne : le secteur manufacturier mis à mal
Les enquêtes de septembre esquissaient un léger regain de confiance après l’annonce par la BCE de son nouveau programme de rachat illimité de titres souverains (OMT). Seul l’indice des anticipations ZEW, qui mesure le sentiment d’un nombre restreint d’investisseurs et analystes, est parvenu à afficher une deuxième hausse consécutive en octobre. Le PMI composite et l’enquête IFO, qui permettent d’apprécier plus sûrement les perspectives d’évolution de l’activité allemande, témoignent de l’inquiétude persistante des chefs d’entreprises. En octobre, l’indice du climat des affaires IFO a enregistré une sixième baisse consécutive (à 100, après 101,4 en septembre) et s’est installé au-dessous de sa moyenne de long terme (100,5) pour la première fois depuis février 2010. Ce recul est dû à une nette détérioration de l’opinion des chefs d’entreprise sur la situation courante (à 107,3, après 110,3 en septembre), particulièrement dans le commerce de gros et le secteur manufacturier. L’indice IFO des anticipations, qui s’est seulement détérioré dans le commerce de détail, est resté stable (à 93,2). Toutefois, il demeure nettement en deçà de sa moyenne de long terme (à 99,9). Les perspectives de croissance, qui se sont légèrement améliorées dans le secteur manufacturier pour la première fois depuis avril, restent particulièrement mauvaises dans ce secteur. La crise de la dette publique et les perspectives défavorables de croissance dans de nombreux pays de la zone euro continuent de peser sur le moral des chefs d’entreprise, particulièrement ceux présents dans des secteurs exportateurs.
L’enquête PMI d’octobre met également en évidence une nouvelle détérioration de la situation économique en Allemagne. Le PMI composite d’activité est reparti à la baisse après avoir affiché une légère amélioration le mois précédent (à 48,1, après 49,2 en septembre). L’indice, qui reste en deçà du seuil de 50 pour le sixième mois consécutif, annonce donc un nouveau repli de l’activité. Selon l’enquête, l’activité se serait contractée tant dans les services que dans le secteur manufacturier. Toutefois, le recul de l’activité serait particulièrement important dans ce dernier (à 45,9, après 48,4 en septembre). Celui-ci est d’autant plus préoccupant que l’indice pourrait baisser davantage le mois prochain, «les nouvelles commandes », un indicateur avancé de l’indice d’activité, ayant reculé de 0,9 point (à 43,3). )
Le PIB, en hausse de 0,3% au deuxième trimestre, devrait légèrement se contracter au troisième, et la croissance devrait rester faible en fin d’année. La consommation privée continuera vraisemblablement à soutenir l’activité grâce à un taux de chômage bas (6,8% en septembre) et à des gains de pouvoir d’achat, mais les perspectives défavorables de croissance chez de nombreux partenaires commerciaux de l’Allemagne, particulièrement au sein de la zone euro, ainsi que le climat.
France : sur la mauvaise pente
Le bilan des enquêtes de confiance publiées cette semaine et portant sur le mois d’octobre est très mitigé. Le résultat aurait certes pu être pire étant donné le contexte, mais il n’est pas bon pour autant. L’ampleur limitée de la détérioration supplémentaire de l’indice composite du climat des affaires de l’INSEE (-1 point, à 85) masque des détails préoccupants, en particulier une chute de 5 points de l’enquête dans l’industrie. La glissade de la confiance des chefs d’entreprise commence à être sérieuse : en dehors du bref intermède début 2012, elle est continue depuis la mi-2011 et à peine moins rapide que celle observée courant 2008 lorsque l’économie s’enfonçait dans la récession. D’après l’enquête trimestrielle de conjoncture dans l’industrie, le secteur rencontre des problèmes de demande importants et croissants. Les indices PMI ont favorablement surpris, mais leur redressement est technique et timide (un peu plus de 1 point) après leur chute de 3-4 points en septembre. Ils restent à des niveaux très bas (43,5 dans le secteur manufacturier, 46,2 dans les services, 44,8 pour le composite), inférieurs à la moyenne de la zone euro, et les détails sont moroses. L’impression générale laissée par l’enquête de confiance des ménages de l’INSEE est un peu moins mauvaise (baisse de seulement 1 point et détails en demi-teinte), mais son érosion depuis mai n’en est pas moins inquiétante. Les craintes sont sourdes mais réelles et les conséquences sur la croissance forcément négatives, même si elles ne le sont que modérément. La contraction attendue du PIB au troisième trimestre devrait rester limitée (-0,1% d’après nous), mais elle risque de se prolonger, voire s’accentuer, au quatrième trimestre.