Ça y est, nous y sommes presque ! Il n’y a que des raisons de voir les actions grimper, encore et encore !
D’abord pour respecter le traditionnel « rallye de fin d’année », puis pour célébrer l’investiture de Donald Trump en janvier, puis pour saluer la prolongation du QE de la BCE, puis pour accompagner le retour de la croissance dès mi-2017 avec des politiques de relance ambitieuses en Europe, et saluer le retour de la prospérité des pays producteurs de pétrole avec un baril qui devrait flirter autour des 60 $ dès le 3e trimestre 2017 selon les projections de Goldman Sachs.
L’appétit pour le risque a ressurgi ce mercredi en même temps que le baril de pétrole effectuait un rallye spectaculaire de +8% sur l’espoir que les membres de l’OPEP (et d’autres non-OPEP) réduisent la production pétrolière de 2 millions de barils/jour. L’Arabie Saoudite consentirait un effort de 500 000 barils/jour, la Russie de 300 000 (tout ceci restant à formaliser lors de la prochaine réunion du 12 décembre).
Du coup, les investisseurs se ruent sur les actions, comme si les pré-signaux inflationnistes (auxquels Mario Draghi a fait allusion mercredi matin) avaient valeur de feu vert pour les achats d’actions.
J’ai entendu plusieurs intervenants sur BFM Business marteler que « les actions ne sont pas chères ».
Elles sont pourtant au zénith à Wall Street, avec des PER vertigineux… Mais justement, ce sont les valeurs européennes qui sont bon marché – certes avec des multiples comparables à ceux de l’été 2007, mais elles sont tellement plus cher outre-Atlantique !
Vous connaissez par cœur le raisonnement de ceux qui gèrent votre épargne (ou qui prétendent le faire) : tout est relatif, donc si tout est hors de prix à Wall Street, il faut jouer un effet rattrapage sur le CAC 40, le DAX 30 et l’Euro Stoxx 50 (il y a bien 5 ou 6% à gagner d’ici Noël).
Et puis, il y a une raison supplémentaire de privilégier la Bourse de Paris : Wolfgang Schaüble juge « très crédible » le programme de François Fillon – mais si, notre prochain Président déjà désigné par la presse.
Mais non, ne vous inquiétez pas : le CAC 40 ne sera pas affecté par le résultat du référendum italien de dimanche puisque c’est plié et que tout est déjà « dans les cours ». Il n’y a qu’à constater la contre-performance de Milan qui perd -21% depuis le 1er janvier. Acheter la démission de Matteo Renzi et le chaos du secteur bancaire… et ce sera pour la BCE l’occasion de venir prendre à contrepied les pessimistes.
Mais l’argument massue, c’est qu’il n’y a pas de bulle car les volumes au quotidien sont indigents ! Nous sommes très loin d’une ruée des petits porteurs sur les actions ; seuls quelques initiés ont misé sur un « Trump rallye » – les autres, les pauvres, n’ont toujours pas compris que les marchés européens vont se remettre à monter en 2017 après avoir effectué une longue pause en 2016.
Vous objecterez qu’il faut avoir une foi aveugle dans la hausse pour acheter un marché qui a déjà triplé de valeur en 7 ans et qui croise maintenant la route de taux longs sur la pente ascendante.
Mais non, mon bon monsieur, vous vous trompez ! Tant que les « petits porteurs » n’achètent pas avec la frénésie d’un piranha, c’est qu’il n’a pas de bulle.
Tant que les épargnants jugent le marché trop cher, la croissance trop lente et incertaine, l’immobilier en bout de course et la fiscalité confiscatoire, les actions vont continuer de grimper, inexorablement.
Et dans ces conditions (et surtout si les taux continuent de se tendre) la dernière chose qu’un épargnant pourrait désirer, c’est détenir de l’or.
Avec une meilleure rémunération sur l’obligataire et un CAC 40 qui va reprendre son ascension vers les 5 000 points dès qu’il aura franchi les 4 600 points (c’est imminent, mais si !), le métal précieux, c’est de la « dead money ».
Alors cher lecteur, je vous pose la question :
N’avons-nous pas plutôt affaire à des « dead brains » (cerveaux morts) qui appliquent une grille de lecture des années 80, lorsqu’une poignée d’analystes techniques théorisaient avec une incontestable pertinence le comportement des foules ?
Aujourd’hui, vous avez une foule de chartistes qui concoctent leurs petits programmes de trading (tous identiques) et refusent d’admettre qu’ils se fient au comportement d’une poignée d’opérateurs qui les orientent comme un aimant oriente la limaille de fer et leur dictent leur diagnostic… lequel est invariablement haussier, naturellement.
Après 7 ans de hausse à Wall Street, avec des PER forward de 30 sur le S&P 500 (ne cherchez pas, c’est du jamais vu depuis décembre 1999) et un acheteur unique (BCE, BoJ, BNS) qui paye avec de la monnaie extraite de l’air ambiant, il ne peut rien se produire de fâcheux… puisque les foules imbéciles ne payent pas encore le marché !
Le concept de banques centrales imbéciles qui ont sciemment anéanti les mécanismes du marché… ne les a encore apparemment pas effleurés.