Kathy Lien, directrice générale de la stratégie des devises pour BK Asset Management
Les ventes au détail américaines ont été au centre des préoccupations hier et s'il n'y avait que cela, le billet vert s'échangerait beaucoup moins cher contre toutes les principales devises. La contraction des ventes au détail le mois dernier a surpris le marché. Au lieu d'augmenter de 0,2%, les dépenses ont chuté du même montant. Il s’agissait du troisième chiffre négatif des ventes au détail en cinq mois, ce qui nous indique que malgré les améliorations constantes du marché du travail, les consommateurs sont prudents en matière de dépenses. La hausse des recettes dans les stations-service n’a pas permis de compenser la baisse des dépenses consacrées à l’électronique, aux matériaux de construction, aux véhicules et aux pièces. Hors auto et essence, les dépenses ont diminué de -0,2%. Bien que l'activité manufacturière dans la région de New York se soit accélérée, la production industrielle a reculé pour la troisième fois en 4 mois. Ces chiffres seuls devraient inquiéter les investisseurs, mais lorsqu'ils sont combinés à des tensions commerciales, ils doivent susciter la crainte d'un nouveau ralentissement au cours des 3 à 6 prochains mois. Nous nous attendons à ce que les données américaines s’affaiblissent, ce qui limitera la reprise des marchés boursiers et de USD/JPY. Au mieux, la paire USD/JPY pourrait remonter à 110,50-111 mais le rallye devrait s’essouffler autour de ce niveau.
La principale raison pour laquelle nous n’avons pas constaté de faiblesse généralisée des actifs américains allant des actions au Dollar était à cause des informations selon lesquelles le président Trump projette de retarder les tarifs sur l’automobile de 6 mois. L’annonce officielle n’a pas encore été faite (il a jusqu'à samedi), mais le simple espoir de ne pas affronter la Chine et l’Europe en même temps est un grand soulagement pour les investisseurs. L'Euro a rebondi au-dessus de 1,12 et pourrait revenir dans les jours à venir vers son sommet de mai. Les chiffres du PIB de la zone euro ont été conformes aux attentes - l'économie allemande a progressé de 0,4% au premier trimestre et cette amélioration a aidé la zone euro à atteindre le même rythme de croissance. La croissance d'une année à l'autre est restée inchangée à 1,2% pour la région, mais la croissance annualisée en Allemagne est passée de 0,9% à 0,6%. Nous ne sommes pas enthousiasmés par les perspectives de croissance européenne, mais ces chiffres devraient être suffisants pour enrayer le glissement de l’euro avant la décision de Trump sur les tarifs automobiles de cette semaine. Les monnaies ont également bénéficié de l’accord conclu entre les États-Unis et le Mexique sur la suppression des tarifs sur l'acier et l'aluminium.
Le calendrier ne contenait aucune donnée britannique, mais la Livre était la devise la moins performante du jour. La Première ministre britannique May doit rencontrer demain les députés Conservateurs pour discuter de son avenir. Les pressions exercées sur May sont de plus en plus fortes pour qu’elle établisse un calendrier pour sa démission, mais elle a clairement indiqué qu’elle ne démissionnerait pas avant l’approbation d’un accord sur le Brexit par le Parlement. Selon certaines informations, elle pourrait soumettre à nouveau le projet de loi sur le retrait en juin. Les données britanniques sur le travail, combinées à une aversion pour le risque et au manque de progrès en matière de négociations sur le Brexit ont fortement affecté la livre sterling. La prochaine étape de la paire GBP/USD pourrait être le creux de 2019 à 1,2773.
Dans le même temps, le Dollar canadien a évolué à la hausse, malgré la baisse des pressions sur les prix. La croissance des prix à la consommation a ralenti, passant de 0,7% à 0,4% en avril. Le taux en glissement annuel a augmenté, mais la tendance de l'inflation est plus basse en raison de la croissance des prix core qui a ralenti. Les dollars Australien et Néo-Zélandais ont prolongé leurs pertes. L’AUD/USD est tombé à un plus bas annuel, car les problèmes commerciaux de la Chine nuisent à l’Australie.