Dans le cadre d’une bonne gestion d’un portefeuille obligataire, il est sain de diversifier ses positions, ce qui permet en principe de réduire le risque global, tout en maintenant un certain niveau de rendement. Cette diversification peut passer, éventuellement, par des obligations de la Grèce.
Légère embellie économique
Après une récession quasi ininterrompue ces dix dernières années, qui a fait perdre au pays un quart de son PIB, la Grèce tente de rebondir. Le pays devrait non seulement renouer avec la croissance cette année, attendue autour des 1,5%, soit grosso modo la même qu'en France, et serait bien parti pour dépasser l'objectif qui lui a été assigné d'un excédent budgétaire primaire - c'est-à-dire hors service de la dette - de 1,75% du PIB cette année.
En regard de la forte récession qu’a connue le pays, on ne peut qu'évoquer une reprise timide, illustrée par un taux de chômage de 40% chez les jeunes et une vie quotidienne qui reste bien souvent difficile pour les Grecs, qui ont vu leurs impôts augmenter, leurs retraites rognées et le coût des soins exploser.
Au deuxième trimestre, on notera tout de même que le taux de chômage (le plus haut de la zone euro) a baissé de deux points à 21,1% de la population active, porté par un secteur du tourisme en plein boom. Le pays a effet la chance de pouvoir compter sur une nature et une mer extraordinaires, un climat méditerranéen et des sites archéologiques de premier plan mondial, un eldorado estival pour les Européens, notamment du nord.
Retour sur les marchés
Autre élément positif, à la faveur d'une meilleure visibilité sur sa situation budgétaire et d'un contexte de taux favorable, Athènes a été en mesure de revenir sur le marché des capitaux internationaux cet été et de placer pour trois milliards d’euros d'obligations.
Si le gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras avait évoqué un « succès total », des observateurs du marché de la dette évoquent un « retour modeste », soulignant qu’Athènes a en réalité levé seulement 1,43 milliard d'euros d'argent frais, le solde étant un échange de vieux titres contre des nouveaux. En outre, le carnet d'ordres, qui témoigne de l'appétit des investisseurs, s'est révélé quatre fois moins étoffé qu’en 2014, date du dernier emprunt, lorsqu’il avait atteint 20 milliards d’euros.
Comme lors de son dernier emprunt, le trésor a proposé aux investisseurs une obligation d’une durée de cinq ans, rémunérée par un coupon de 4,375%, contre 4,75% il y a trois ans. L’emprunt a été pricé sous le pair à 98,906% du nominal et se traite actuellement légèrement au-dessus des 100%.
Notation améliorée
Cette émission relève bien sûr de la catégorie spéculative. Dernièrement, l’agence Fitch Ratings a relevé d’un cran à « B- » la note souveraine d’Athènes, permettant au pays de s’éloigner quelque peu de la catégorie des émetteurs présentant un risque substantiel de défaut de paiement. Le rating est assorti d’une perspective positive, ce qui laisse espérer une nouvelle décision favorable à moyen terme de la part de l’agence.
Fitch a justifié sa décision sur base de l’hypothèse d’une nouvelle amélioration de la soutenabilité de la dette, grâce au respect des conditions du programme de sauvetage européen, la réduction du risque politique, une croissance soutenue du PIB et à l’implémentation jusqu’en 2020 de mesures fiscales additionnelles.
Fitch est la deuxième agences d'évaluation à réévaluer la dette grecque, après Standard & Poor’s qui, en juillet, avait décidé elle aussi de relever le pays à « B- », dans la catégorie des émetteurs « très spéculatifs ». Quant à Moody’s, elle continue de noter la Grèce parmi les émetteurs présentant un risque considérable de défaut de paiement, avec un « Caa2 ».