Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Mais jusqu’où les commentateurs et “faiseurs d’opinion” vont-ils nous prendre pour des jambons ?
Les voici de nouveau en extase, applaudissant de nouveaux record absolus (le CAC40 GR vient de tester 16100) parce que Larry Kudlow, un des conseillers économiques de la Maison Blanche vient de déclarer (pour la 42ème fois en 9 mois) que “les Etats-Unis et la Chine se rapprochent d’un accord commercial“ (qui n’a pas vu le jour les 41 fois précédentes).
Et il emballe ce narratif pour simples d’esprit de tournures poétiques telles que “la tonalité de la musique est bonne” ou et de formules totalement éculées comme “les discussions avec la Chine ont été très constructives, un nouveau coup de téléphone entre Steven Mnuchin et Liu He vont nous permettre d’avancer” (autant que lors des 41 fiascos précédents ?).
Des échanges tellement constructifs que les négociations sur le volet agricole – le plus consensuel – ont échoué mercredi : là, c’est du concret et pas de la musique d’ascenseur.
S’il n’est même possible de “signer” pour quelques tonnes de soja et de travers de porc surgelés, c’est que les protagonistes ne sont pas prêts de s’entendre sur des contentieux les plus complexes comme la propriété intellectuelle ou les participations croisées… mais ce contretemps a t’il seulement fait reculer Wall Street de quelques millimètres jeudi ?
Nullement, puisque le S&P500 a conclu la séance par un nouveau record absolu, à 3 097 points.
Autrement dit, quand la Maison Blanche actionne la pompe à enfumage, les marchés prennent entre 0,5 et 1%, mais quand l’enfumage (bullshit serait plus pertinent) devient évident, quand les négociations débouchent sur une nouvelle impasse, les marchés se contentent de 0,1% de hausse.
En réalité, heureusement qu’il existe ce feuilleton de la guerre commerciale – aussi stimulant intellectuellement que La Croisière s’amuse –, sans quoi il deviendrait beaucoup trop évident que les indices progressent sans autre motif que l’ajout quotidien de liquidités par les banques centrales… et, ce vendredi, sous l’effet d’habillages de bilan visant à arracher les cours à la hausse pour conclure au zénith le terme boursier de novembre qui s’achève en ce vendredi des “3 sorcières” par un gain supérieur à 5%, aussi bien pour le CAC40 que le S&P500.
Puis, lundi matin, on nous expliquera que Liu He n’a pas raccroché au nez de Steven Mnuchin au bout de 3 minutes… non, c’est juste qu’il devait prendre un appel urgent du chef de la police de Hong Kong.