Hier l’indice de volatilité VIX s’envolait de plus de 15% alors que les indices américains décrochaient, sousperformant les marchés européens et malgré les résultats stratosphériques d’Apple. A travers cette note je souhaite dans un premier temps revenir sur les caractéristiques du VIX puis analyser la configuration actuelle de ce dernier.
Le VIX et le VXO sont les indices de la volatilité des marchés. Le VIX est l'indice de volatilité des marchés américains, calculé quotidiennement par le CBOE (Chicago Board Options Exchanges). Il reflète la nervosité des marchés financiers. Globalement, il ne respecte pas parfaitement l'évolution du marché boursier : quand il est bas, les marchés sont peu nerveux et la confiance est en place. A l'inverse, quand il est haut les marchés sont plus nerveux et pessimistes. Ici, nous étudierons le VIX, ce dernier étant le plus communément utilisé.
Est-ce dire que le risque de krach augmente quand le VIX grimpe ? Pas nécessairement, cela signifie simplement que la confusion est grande parmi ceux qui sont présents sur le marché quant à l’évolution du prix. Il s’agit d’une confusion due au fait que les intervenants sont prêts à croire n’importe quoi et changent d’avis au moindre bruit de couloir. En bref, le VIX est un indicateur d’humeur des opérateurs, d’optimisme contre pessimisme, de risque...un indicateur parmi tant d’autres, qu’il est intéressant de suivre mais qu’il ne faut pas interpréter seul.
Graphiquement, il existe 3 grandes zones sur le VIX depuis 15 ans
1/ La zone de complaisance, comprise entre 10 et 20/25. Lorsque le VIX se trouve à proximité de ses plus bas historiques la volatilité est faible, les marchés haussiers, tout va bien dans le meilleur des mondes.
2/ La zone de forte volatilité, comprise entre 24/25 et 45/48 que le VIX a parcouru lors des chocs baissiers de 2010 et 2011. Lorsque le VIX passe dans cette zone, il faut impérativement abaisser le levier, augmenter la taille des stops, intervenir avec précision sur les marchés sans prendre trop de risques.
3/ La zone de krach, au-dessus des 45/48, que les cours ont visité en 2008, lors de la violente chute des marchés actions (-50% sur le CAC40). Autant dire qu’à ce moment-là, la meilleure idée d’investissement que vous puissiez avoir est de sortir du marché.
Etude du VIX à court terme depuis Juin 2014 :
Jusqu'au mois d'octobre 2014 les marchés actions étaient en hausse, la FED, la BoJ et le discours de la BCE en soutien, tout allait bien dans le meilleur des mondes et les indices montaient étape par étape, sans contrecoups.
Lorsque les marchés ont pris peur avec le cas Russe et la chute du pétrole prolongée début octobre, les opérateurs ont commencé à être frileux, les primes de risques ont augmenté, une vague corrective plus profonde que d'habitude s'est mise en place, ce qui a entrainé un décalage du VIX au-dessus des 24/25. Heureusement, le pessimisme est resté de court durée, l'appétit pour le risque a fait son retour, le rally de Noël a eu lieu et les opérateurs ont préféré se focaliser sur les centaines de millions d'euros que la BCE s'apprêtait à déverser sur les marchés. Aussi, la volatilité est retombée et la hausse des indices a repris.
Depuis début décembre, les marchés européens sont montés mais pas le marché directeur américain et son indice en chef le SP500. Cela fait désormais 8 semaines que l'indice de référence n'arrive plus à s'apprécier, que vagues haussières et baissières s'enchainent sans signaux clairs ni décalages. Toutefois, on constate que le VIX n'arrive plus à descendre à proximité des plus bas historiques à 10 et qu'il évolue désormais dans une figure de contraction.
Autrement dit, si les chiffres économiques à venir sont bons, notamment le PIB US du 4ème trimestre qui sera publié vendredi, le SP500 pourrait repartir vers ses plus hauts annuels et historiques et l'appétit pour le risque perdurera auquel cas le VIX retomberait. A contrario, si les indices américains devaient chuter, et le SP500 casser notamment le seuil majeur garant de la tendance haussière à 1970, alors le VIX pourrait quant à lui sortir de son triangle par le haut, auquel cas la volatilité et la peur pourraient refaire surface sur les marchés...
En conclusion, suivez cet indicateur en plus des chiffres économiques et des seuils cités. Les séances/semaines à venir seront très intéressantes à savoir si comme depuis 4 ans les banques centrales tiennent les marchés ou si ces derniers pourraient, à terme, se rebiffer et revenir violemment à la réalité.
Par Nicolas Chéron, Stratégiste de Marché pour DailyFX