Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’océan Arctique se fige. La couche de glace s’épaissit de jour en jour. La nuit permanente s’installe. Et c’est donc ce moment que choisit la Russie pour inaugurer son gigantesque site d’exploitation gazier de Yamal. Il se situe en Sibérie septentrionale, à l’Est de la Nouvelle-Zemble. Il s’agit d’une longue presqu’île désolée. Elle était dédiée aux premiers essais nucléaires soviétiques dans les années 60.
Le projet de 27Mds$ (soit 10 fois le coût initial de la construction du premier réacteur EPR en Finlande) a été mené à bien et dans les délais. C’est le groupe russe Novatek qui a mené ce projet. Novatek est à la tête d’un consortium international formé du groupe français Total (PA:TOTF) (20%) et des géants chinois CNPC (20%) puis Silk Road Fund (9,9%).
La première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le site de YAMAL (GNL) va quitter la Sibérie par méthanier à l’heure prévue. Cela se fera via le nouveau port de Sabetta, sorti du néant en 4 ans. La marchandise prendra le chemin de l’Europe vendredi. Il va en falloir des dizaines de méthaniers et de brise-glaces pour se frayer un passage dans la banquise arctique 8 mois par an. En effet, il s’agira de convoyer les 16,5 millions de tonnes de GNL produites chaque année.
Yamal : un site de GNL qui a réussi plusieurs exploits
Le site de Yamal ne fonctionne aujourd’hui qu’à un tiers de sa capacité, le plein rendement sera atteint fin 2019. Le chantier a réussi à mener plusieurs exploits. Affronter les conditions climatiques les plus hostiles de la planète (champ gazier et usines situés au-delà les cinquantièmes hurlants). Mais aussi remise sans dépassement de budget et dans les délais impartis.
Alors qu’EDF/Areva en sont à 3 fois la mise initiale sur les EPR. Ajoutons également un retard de mise en service de 10 ans en Finlande. Yamal a vu le jour malgré l’embargo sur les financements provenant des pays occidentaux dans le cadre des sanctions post-réintégration de la Crimée dans le giron de la Russie.
Les capitaux qui n’ont pas pu être levés à Londres ou New York l’ont été à Pékin. Et la où les banques occidentales ont dû passer leur tour, des géants industriels du secteur de l’énergie ont pris le relai. Rappel : la Chine était déjà le premier client pour le pétrole russe. Désormais, avec Yamal, elle devient le premier client pour le GNL.