Le dernier communiqué de Vivendi (PA:VIV) me laisse songeur. La société, qui détient maintenant 20,1% d’Ubisoft (PA:UBIP), envisage de poursuivre ses achats en fonction des conditions de marché. Elle n’envisagerait pas de déposer d’offre publique sur l’éditeur de jeux vidéo, ni d’en acquérir le contrôle.
Le groupe, dirigé par Vincent Bolloré, continue de souhaiter l’établissement d’une collaboration fructueuse avec Ubisoft… avec, tout de même, l’idée d’avoir une représentation à son conseil d’administration.
Franchement, est-il possible de croire l’homme d’affaires breton quand il indique ne pas vouloir prendre le contrôle d’Ubisoft ? Difficile ! A moins que son objectif soit de faire une belle plus-value. C’est ce qu’il a fait il y a quelques années avec Vallourec (PA:VLLP) (FR0000120354). Rappelez-vous, en 2000, Vincent Bolloré s’emparait de 10% du capital du groupe parapétrolier, puis jusqu’à 25% en 2004. Enfin, le désengagement définitif eut lieu en 2010 avec une mise multipliée par dix.
Quand on voit la valorisation actuelle de Vallourec (à peine 1,3 Mds€), il y a de quoi être bluffé par le timing de Vincent Bolloré. Les coups financiers, il connaît bien !
En fait, je ne crois pas à un coup financier similaire avec Ubisoft. Je pense qu’ il existe de vraies synergies entre les deux groupes. On pourrait parler d’une convergence opérationnelle entre les contenus, et les plates-formes, de Vivendi et les productions d’Ubisoft dans le domaine des jeux vidéo.
Je ne vois pas pourquoi, à terme, Vincent Bolloré ne prendrait pas le contrôle d’Ubisoft .
Il y a toutefois une autre explication … La culture du secteur du jeu vidéo n’a rien à voir avec celle d’une société comme Vivendi. Chef Ubisoft, les hommes comptent beaucoup et on fait tout pour retenir les vrais talents. Si Vivendi décidait de passer en force, en lançant une OPA hostile, cela provoquerait sans doute une fuite de talents d’Ubisoft. On image que certains créateurs de jeux ne veulent pas travailler avec l’homme d’affaires breton…
Vincent Bolloré a tout intérêt à essayer de composer avec la famille Guillemot depuis qu’il a remporté la bataille financière de la prise de contrôle de Gameloft (PA:GLFT). A présent, nous devons attendre la réaction d’Yves Guillemot, patron d’Ubisoft. Dans les colonnes du Monde début juin, celui-ci se disait hostile à une entrée de cet encombrant actionnaire au conseil d’administration , évoquant même une « prise de contrôle rampante ».
La bataille est loin d’être finie. Elle ne fait que commencer avec une action qui vient de prendre plus de 100% en un an. Elle devient assez chère avec notamment une capitalisation supérieure à 3,6 Mds€ et un PER de l’ordre de 20.