Rattrapée par une situation grecque imprévisible, Wall Street va continuer à regarder vers Athènes, le calendrier économique américain offrant peu de distractions aux investisseurs, à part l'approche d'une nouvelle saison de résultats d'entreprises.
En quatre séances, la semaine étant raccourcie par un jour férié vendredi, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 1,21% à 17.730,11 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,40% à 5.009,21 points.
L'indice élargi Standard and Poor's 500, jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, a perdu 1,18% à 2.076,78 points.
Wall Street a surtout baissé lundi, le S&P 500 abandonnant pour la première fois depuis quelque quinze mois plus de 2%, après l'annonce inattendue par Athènes d'un référendum sur les exigences de ses créanciers, prévu dimanche.
La Bourse américaine n'avait jusqu'alors pas beaucoup réagi aux développements des négociations sur la dette grecque, et s'était contentée de suivre les fluctuations plus importantes des places européennes, plus exposées.
"Comme on se rend de plus en plus compte que les négociations ne se passent pas bien et qu'un défaut grec peut être une réalité, le marché américain s'est mis à prendre les choses plus au sérieux", a noté Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.
De fait, Athènes est désormais en défaut de paiement auprès du Fonds monétaire international, l'un de ses créanciers avec l'Union européenne et la Banque centrale européenne, mais les marchés, désormais fixés sur le référendum de dimanche, n'ont fait qu'en prendre acte.
"Comme tout le monde, je vais faire très attention à ce qui se passe en Grèce au cours du week-end", a insisté M. Cahill. "J'espère que le non ne va pas l'emporter, car cela provoquerait beaucoup d'instabilité sur tous les marchés mondiaux, même si le vote va entraîner de nombreuses incertitudes la semaine prochaine, quelle qu'en soit l'issue."
"Pour les Etats-Unis, la situation deviendrait plus grave en cas de victoire du non et d'une aggravation de la crise bancaire", a-t-il précisé. "Le risque, ce serait une contagion à d'autres pays comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie. On en est encore loin, mais personne ne sait quel effet cela aurait pour les marchés mondiaux, étant donnée l'interdépendance des institutions financières."
- Minutes de la Fed -
"La Grèce ne va pas changer la donne", a nuancé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors, soulignant que Wall Street évoluait à des niveaux stables depuis le début de l'année. "Même si elle nous sort provisoirement de ce point mort, cela ne devrait pas durer."
C'est par manque d'indicateurs notables aux Etats-Unis que Wall Street devrait être encouragée à se tourner vers l'international, d'autant que les investisseurs ont déjà digéré ce jeudi les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, qui étaient très attendus mais n'ont finalement guère fait réagir la Bourse.
"A part la baisse plus forte que prévu du taux de chômage, ces chiffres étaient dans l'ensemble moins bons qu'escompté", sans pour autant sembler de nature à encourager la Réserve fédérale (Fed) à beaucoup attendre pour commencer à relever ses taux et retirer ainsi un important soutien à l'économie, a estimé Chris Low, de FTN Financial, dans une note.
A ce titre, les investisseurs jetteront mercredi un oeil au compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, à l'issue de laquelle la banque centrale n'avait guère fait bouger les marchés en maintenant ses taux à un niveau presque nul.
"A mon avis, tout le monde saisit que la Fed relèvera pour la première fois ses taux à un moment donné entre septembre et décembre (...) et le marché l'a déjà intégré", a relativisé M. Johnson.
Pour lui, le début d'une nouvelle série de résultats trimestriels d'entreprises sera "la seule chose qui peut vraiment changer le paysage et sortir le marché de son inertie", notamment s'ils sont meilleurs que prévu face à la force du dollar.
Toutefois, la semaine prochaine ne constituera qu'une mise en jambe, avec les résultats du spécialiste de l'aluminium Alcoa (NYSE:AA), mercredi, et du groupe de sodas et de snacks PepsiCo, jeudi.
"Le marché continue à manquer de direction, il fluctue en fonction de l'actualité", a conclu M. Johnson. "On peut difficilement croire qu'il en ira autrement d'ici à la fin de l'été."