Le groupe aéronautique Daher va désormais être dirigé par Didier Kayat, jusque-là directeur général délégué, avec pour mission de confirmer une croissance qui lui a permis de franchir pour la première fois le cap du milliard d'euros, malgré un contexte parfois mitigé.
"Pour la première fois de son histoire, le groupe Daher annonce un chiffre d'affaires qui dépasse le milliard d'euros, affirmant ainsi sa position d'équipementier de référence", a indiqué mercredi la direction du groupe, en présentant le bilan 2015.
Le chiffre d'affaires du groupe, qui équipe notamment l'avion militaire A400M d'Airbus (PA:AIR) et des appareils d'Airbus Helicopters, s'est établi à 1,04 milliard d'euros, avec une croissance des ventes de 7%.
Le carnet de commandes est ressorti à 3,6 milliards d'euros, en hausse de 11% par rapport à 2014, soit plus de trois fois le chiffre d'affaires. Le groupe, qui emploie 8.500 collaborateurs, a embauché 599 personnes en CDI en 2015.
Daher, qui n'est pas coté, va désormais être dirigé à part entière par Didier Kayat, qui devient directeur général à compter du 1er avril, en remplacement de Patrick Daher.
Il s'agit d'une première pour ce groupe vieux de 150 ans, qui a toujours été dirigé par un membre de la famille. Outre la famille fondatrice, il est détenu à hauteur de 20% par la banque publique Bpifrance.
"J'ai décidé d'accélérer le mouvement de transformation de l'entreprise en nommant Didier Kayat comme directeur général à compter du 1er avril", a expliqué Patrick Daher, qui assumera les fonctions de président du conseil d'administration.
Daher entend ainsi accompagner la croissance et le développement du groupe, présent dans l'aéronautique et l'énergie, des industries à cycles longs. Le groupe a augmenté ses investissements de 25% l'an passé, à 65 millions d'euros.
Le défi est de taille alors que le contexte sur ces deux secteurs est parfois contrasté. Si l'aéronautique se porte bien en termes de croissance du carnet de commandes des grands avionneurs, cela se traduit par "un tassement" pour les équipementiers en raison de la montée en cadence qui n'a pas encore atteint son plein régime, selon Patrick Daher.
- 'Très grandes pressions sur les prix' -
"Nous pensons que dans le secteur de l'aéronautique, nous avons un tassement, un plateau, et sans doute pour certains équipementiers un ralentissement pendant deux ans", avant une reprise, a-t-il expliqué.
Toutefois, il s'agit d'"un plateau historiquement haut", a-t-il relativisé.
En raison de l'absence de nouveaux programmes d'avions, "notre profession dans son ensemble, des deux côtés de l'Atlantique, va connaître de très grandes pressions sur les prix pendant les dix ans qui viennent", a-t-il poursuivi.
"Il va falloir s'y adapter. Ceux qui accéléreront seront sans doute les gagnants de demain", a estimé Patrick Daher.
Le groupe a su tirer profit de la croissance du secteur aéronautique malgré le ralentissement de l'aviation d'affaires, grâce à sa place d'équipementier de rang un. Il fournit notamment les trappes de train d'atterrissage de l'A350, le dernier né d'Airbus, en pleine montée en cadence de production. Airbus prévoit d'en livrer plus de 50 cette année contre 14 en 2015.
Il a également tiré son épingle du jeu sur le segment de l'aviation d'affaires, moribonde après un rebond en 2014, avec la livraison du centième exemplaire de son TBM 900, son dernier né.
Celui-ci confirme son succès, avec 55 TBM 900 neufs livrés en 2015 contre 51 en 2014.
Toutefois, souligne Patrick Daher, "nous ne sommes toujours pas au niveau de 2008, loin s'en faut", avec un nouveau tassement en raison du ralentissement en Chine, au Brésil ou en Russie.
Ces éléments ont permis au groupe de contrebalancer le ralentissement sur le secteur de l'énergie, "qui pâtit fortement des restructurations en cours et des prix internationaux historiquement bas".
"Toute la partie énergie va avoir deux ou trois ans de grandes difficultés, a estimé Patrick Daher, et le redémarrage de ces activités n'est pas immédiat". Mais ces secteurs, qui représentent 20% du chiffre d'affaires de Daher contre 80% à l'aéronautique-défense, "seront des relais de croissance future même si l'année n'est pas très satisfaisante", a souligné Patrick Kayat.