La Bourse de Paris a réussi in extremis à terminer dans le vert jeudi (+0,19%) après deux jours de fortes baisses, profitant d'un bon chiffre sur l'emploi américain qui a redonné un peu confiance aux investisseurs, fébriles à cause de la situation en Espagne.
A la clôture, l'indice vedette s'est adjugé 6,34 points pour s'inscrire à 3.319,81 points dans un volume d'échanges de 3,13 milliards d'euros. La hausse est très modeste au regard des 149 points perdus sur les deux dernières journées.
A Francfort, le Dax a perdu 0,13% et à Londres, le Footsie a gagné 0,35%. L'Eurostoxx 50 a cédé 0,25%.
Le marché parisien est rapidement passé dans le rouge en début de séance, et le repli s'est accentué dans la matinée après que l'indice a franchi à la baisse plusieurs seuils techniques qui entraînent des ordres automatiques de vente. En milieu d'après-midi, une bonne nouvelle sur l'emploi américain a permis à la cote de remonter.
Les investisseurs ont apprécié l'annonce de la nouvelle baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis quatre ans. Une nouvelle rassurante à la veille de la publication du rapport officiel sur l'emploi américain pour mars, statistique la plus suivie par les marchés financiers.
Cette nouvelle a permis au marché d'oublier momentanément ses inquiétudes à l'égard de la zone euro et notamment de l'Espagne, d'autant que certains jugent la réaction de la cote exagérée.
"Certes, la situation de l'Espagne est délicate mais elle ne mérite pas de telles inquiétudes et les investisseurs ont pris prétexte de ces difficultés pour réaliser des prises de bénéfices", explique Arnaud de Champvallier directeur général chez Turgot Asset Management.
Renaud de Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse est plus sévère et estime que les marchés sont "à nouveau rentrés dans un cercle vicieux. Plus les taux d'intérêt augmentent pour Madrid, moins le refinancement de sa dette par l'Espagne paraît crédible".
Il reprend ainsi la rhétorique qui avait prévalu à l'automne, au plus fort de la crise de la dette, à savoir que la Banque centrale européenne (BCE) doit intervenir directement sur le marché primaire de la dette pour apaiser les tensions."Tant que cela ne se fera pas certains pays resteront en difficultés", a-t-il ajouté.
Les taux à 10 ans de l'Espagne s'approchaient jeudi soir dangereusement des 6% (5,735%), illustrant la méfiance des investisseurs après une adjudication espagnole mercredi qui s'est soldée par des taux en hausse.
Sur le front des valeurs, celles qui avaient été les plus malmenées ces derniers jours étaient en tête des hausses, à l'image de ArcelorMittal (+2,12% à 13,73 euros) et Schneider Electric (+1,86% à 47,27 euros).
LVMH s'est adjugé 1,65% à 129 euros après les propos confiants de son PDG Bernard Arnault pour l'année 2012.
Le secteur automobile a également repris des couleurs avec Renault (+1,92% à 37,97 euros), Peugeot (+0,60% à 10,83 euros).
Total a progressé de 0,79% à 38,21 euros. Pour la première fois depuis l'évacuation de la plateforme d'Elgin en mer du Nord le groupe pétrolier a envoyé jeudi des experts en mission de reconnaissance.
Technip a gagné 2,80% à 88,2 euros, dopé par son contrat remporté auprès de l'américain Anadarko Petroleum Corporation pour le développement du champ Lucius, situé dans le golfe du Mexique.
Du côté des baisses, on note Nicox, valeur habituée aux fortes amplitudes et qui a souffert de prises de bénéfices (-5,39% à 3,65 euros).
Les banques ont réduit leur pertes par rapport à la matinée mais ont terminé malgré tout en repli, pénalisées par les inquiétudes à l'égard de l'Espagne : Crédit Agricole a cédé 1,98% à 4,15 euros, BNP Paris (-0,95% à 32,87 euros), Société Générale (-0,74% à 20,22 euros).
EDF a perdu 2,09% à 16,85 euros alors que la prise de contrôle d'Edison par l'électricien a subi un nouveau revers. Le gendarme boursier italien, la Consob, a rejeté le prix auquel le Français voulait racheter les parts des actionnaires minoritaires de la société italienne.
Hors CAC 40, Soitec cédait 1,56% à 3,55 euros affecté depuis la veille par le dépôt de bilan de l'Allemand Q-Cells.