par Leila Abboud
CANNES, Alpes-Maritimes (Reuters) - La maîtrise des dépenses dans les grandes entreprises liée à la faiblesse relative de la croissance mondiale et à l'absence de grand événement sportif de portée internationale pèse cette année sur le marché publicitaire, ont déclaré vendredi les dirigeants de deux grands groupes de publicité.
Dans des entretiens séparés, Martin Sorrell, le directeur général du britannique WPP, et Maurice Lévy, le président du directoire de Publicis, sont restés prudents sur le marché publicitaire, évoquant le manque de dynamisme de l'économie américaine, le ralentissement au Brésil, en Russie et en Chine, ou encore la fragilité persistante de l'Europe.
"Il y a beaucoup d'incertitude", a dit Maurice Lévy. "Les entreprises ont des liquidités à dépenser mais ne semblent pas avoir envie de le faire et les consommateurs ne se sentent pas non plus en confiance."
Le cabinet d'études Zenith Optimedia, filiale de Publicis, a récemment revu en baisse sa prévision de croissance du marché publicitaire mondial cette année, à 4,2% contre 4,9% attendu en début d'année.
Martin Sorrell a pour sa part déclaré que les grandes entreprises clientes des agences de WPP (comme Ogilvy & Mather ou GroupM) donnaient la priorité à la maîtrise des coûts, parfois au détriment des investissements à long terme dans leurs marques et leurs produits.
"Les clients sont très exigeants dans un contexte où la croissance du chiffre d'affaires est inférieure à son niveau d'avant le début de la crise financière", a-t-il dit.
L'ENJEU DES RENOUVELLEMENTS DE CONTRATS
Martin Sorrell et Maurice Lévy ont l'un comme l'autre dit espérer que leur groupe profite de l'échéance au cours des prochains mois de contrats représentant un montant total de 27 milliards de dollars (24,2 milliards d'euros) avec des entreprises incluant Coca-Cola, Procter & Gamble ou L'Oréal.
WPP et Publicis pourraient aussi bien perdre certains des contrats en jeu qu'en prendre à des concurrents.
"Les revues sont préoccupantes pour les agences mais leur impact se fera sentir aussi sur les médias parce que les tarifs publicitaires vont encore baisser", a prédit Maurice Lévy.
Il a précisé que Publicis était déjà assuré de conserver le contrat du groupe de parfums et cosmétiques Coty (600 millions de dollars de facturations) et celui du spécialiste américain du café Keurig (500 millions).
"Si nous perdons tous nos contrats actuels sans gagner aucun des nouveaux pour lesquels nous sommes en lice, nos ventes pourraient baisser de 2%", a-t-il ajouté.
"Mais si nous gardons tout et si nous gagnons tous les nouveaux, alors elles pourraient progresser de jusqu'à 3%."
Martin Sorrell, lui, a expliqué que WPP voulait mettre en avant ses moyens technologiques et son expertise en matière de données pour convaincre ses clients.
"Nous nous différencions de nos concurrents et cela va aider lors des revues", a-t-il dit.
(Edité par Marc Angrand)