par Andreas Cremer et Minami Funakoshi
MUNICH/TOKYO (Reuters) - Au 6e paragraphe, bien lire que Toyota (TOKYO:7203) publie mardi prochain ses résultats du 1err trimestre et non du premier semestre.
Volkswagen (XETRA:VOWG) a supplanté Toyota comme premier constructeur automobile mondial, au vu des ventes réalisées au premier semestre, réalisant ainsi avec trois années d'avance une ambition de longue date.
Rester au sommet ne sera pas de tout repos pour le champion allemand car les ventes diminuent en Chine, pays qui absorbe le tiers de ses ventes mondiales, ce qui l'expose trop à une demande européenne plutôt stagnante.
"La recherche d'économies d'échelle n'est pertinente que si elle développe des synergies et de ce point de vue VW n'a pas vraiment réussi", commente Stefan Bratzel, qui dirige le cercle de réflexion Center of Automotive Management. "La dépendance à la Chine est le point faible de VW et gérer un groupe aussi imposant est inévitablement source de problèmes".
Sous la houlette du président du directoire Martin Winterkorn, en poste depuis huit ans, Volkswagen s'est lancé dans une course à la taille, avec notamment une forte hausse des ventes en Chine.
Le 17 juillet, Volkswagen, qui outre la marque éponyme comprend entre autres Audi, Porsche et Skoda, avait fait état d'un recul de 0,5% de ses livraisons mondiales au premier semestre, à 5,04 millions d'unités. Par comparaison, Toyota a annoncé mardi que ses ventes mondiales avaient reculé de 1,5%, à 5,02 millions de véhicules, sur la même période.
Toyota, qui publie mardi prochain les résultats du premier trimestre de son exercice décalé, a évoqué un ralentissement des marchés émergents et un alourdissement de la fiscalité des mini-véhicules au Japon.
COURSE AUX VOLUMES
La croissance rapide de VW dissimule des performances en retrait aux Etats-Unis et au Brésil, deux pays où le groupe de Wolfsburg a tardé à rajeunir sa gamme et à adapter son offre aux nouvelles tendances du marché, de l'avis des analystes.
Même si cette course aux volumes a permis à VW de mettre en avant ses marques et de gagner des parts de marché, elle lui vaut une prolifération coûteuse de modèles et d'équipements, surtout pour sa marque éponyme, aux marges médiocres pour cause d'inefficacité.
Avec plus de 310 modèles et près de 120 usines dans le monde entier, l'effet de taille risque de se retourner contre VW et le sujet a déclenché une querelle intestine en avril qui a abouti à l'éviction de l'ex-président Ferdinand Piëch, lequel s'était montré publiquement très critique vis-à-vis de Winterkorn.
La direction de VW tente depuis lors de reprendre l'initiative mais d'autres intervenants, en l'espèce ses syndicats et le Land de Basse-Saxe, tentent d'infléchir sa trajectoire vers une structure plus simple, portée par un programme d'économies de cinq milliards d'euros.
De fait, VW s'intéresse depuis 2014 davantage à la qualité des résultats pour financer des besoins technologiques croissantes et la modernisation de ses sites.
VW, qui publiera ses comptes semestriels mercredi, veut augmenter ses livraisons, mais "modérément", par rapport au record de 10,14 millions de véhicules de l'an passé.
Toyota dit son côté anticiper pour l'exercice fiscal 2015-2016, clos le 31 mars, des ventes mondiales de 8,9 millions de voitures contre 8,97 millions en 2014-2015.
L'action Volkswagen gagne 1,6% à 189,15 euros à trois quarts d'heure de la clôture en Bourse de Francfort, tandis que l'indice européen de l'automobile progresse de 0,65%.
(Benoît Van Overstraeten et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)