par Julien Toyer et Blanca Rodríguez
MADRID (Reuters) - Les principaux partis politiques espagnols ont présenté des idées antagonistes mercredi sur la façon de constituer un gouvernement viable après les élections législatives de dimanche, remportées par les conservateurs au pouvoir mais sans qu'aucun parti ne dispose d'une majorité claire en sièges.
Le secrétaire général du Parti socialiste (PSOE), Pedro Sanchez, s'exprimant devant la presse après une rencontre avec le Premier ministre sortant Mariano Rajoy, a dit qu'il rejetterait tout accord qui déboucherait sur un nouveau gouvernement avec Mariano Rajoy on son parti, le Parti Populaire (PP), mettant fin aux espoirs de ceux qui avaient envisagé une grande coalition à l'allemande entre la gauche et la droite.
Sans le soutien des socialistes, ou au moins leur soutien implicite via l'abstention, il sera impossible pour le PP de former un gouvernement disposant d'une majorité la chambre basse du Parlement.
D'autres combinaisons sont possibles, mais elles nécessiteront un accord entre au moins trois partis.
Le PP contrôle désormais 123 des 350 sièges à la chambre basse du parlement espagnol, le PSOE 90, tandis que les nouveaux venus Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre droit) en ont respectivement 69 et 40.
"Nous disons 'non' à Rajoy et à sa politique", a déclaré Pedro Sanchez, lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le chef du gouvernement sortant.
"Les socialistes travailleront de sorte qu'il y ait un nouveau gouvernement, un gouvernement du changement, avec des idées progressistes et une capacité de dialogue", a-t-il dit.
FIGURE PRESTIGIEUSE
Il a toutefois ajouté qu'il ferait tout ce qu'il pourrait pour éviter de nouvelles élections et qu'il soutiendrait Mariano Rajoy sur des questions telles que le terrorisme, ou l'unité espagnole face au risque de voir la Catalogne déclarer son indépendance.
Des personnes au fait de la réunion entre Rajoy et Sanchez, expliquent que les deux dirigeants n'ont pas discuté d'un accord dans le détail, dans la mesure où le chef des socialistes a clairement dit dès le départ qu'il ne soutiendrait pas le PP et que son parti chercherait plutôt le soutien d'autres groupes pour constituer une majorité.
Mariano Rajoy va maintenant rencontrer le président de Ciudadanos, Albert Rivera, et le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. Ces réunions sont prévues lundi prochain.
Albert Rivera a fait savoir que Ciudadanos s'abstiendrait en cas de vote au Parlement sur un nouveau gouvernement PP et a appelé à la conclusion d'un accord à trois, avec le PP et le PSOE, en vue de constituer une coalition de gouvernement.
"Nous proposons un pacte entre le PP et le PSOE afin que personne ne profite de la faiblesse, de l'incertitude et de l'instabilité pour miner ce pays", a dit Albert Rivera lors d'une conférence de presse.
Podemos a réaffirmé de son côté qu'il ne donnerait pas son aval à un pacte qui permette à Mariano Rajoy ou au PP d'être à nouveau au gouvernement.
Le parti anti-austérité, souvent considéré comme susceptible de s'allier avec un gouvernement dirigé par les socialistes, s'est dit prêt à soutenir une "figure indépendante prestigieuse" pour le poste de Président du gouvernement si Pedro Sanchez n'obtenait pas le soutien de son propre parti pour former un alliance avec Podemos.
(Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)