par Benjamin Mallet et Geert De Clercq
PARIS (Reuters) - Le projet de construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point, en Angleterre, comprend "une marge pour aléas" et pourrait coûter au total 20,7 milliards de livres sterling (26,2 milliards d'euros environ), a annoncé jeudi l'électricien public français.
EDF (PA:EDF), qui détiendra 66,5% du projet contre 33,5% pour le chinois CGN, évoquait seulement jusqu'à présent un coût de 18 milliards de livres.
"L'engagement en fonds propres des partenaires comprend une marge pour aléas et atteindrait ainsi un montant total de 13,8 milliards de livres sterling pour le groupe EDF et 6,9 milliards pour CGN", a-t-il fait savoir jeudi dans un communiqué confirmant la consultation de son comité central d'entreprise (CCE) sur les termes du partenariat avec CGN.
"Le planning opérationnel prévoit la mise en service du premier réacteur 115 mois après la décision finale d'investissement", a également indiqué EDF.
La mise en service du projet Hinkley Point devrait ainsi n'intervenir qu'en 2026, alors qu'EDF évoquait la date de 2025 en octobre dernier, lors de l'annonce d'une série d'accords avec le gouvernement britannique et CGN.
Après avoir poursuivi leurs discussions ces derniers mois, EDF et CGN ont finalisé "la documentation contractuelle dans sa forme définitive", leur accord prévoyant que la prise de participation du chinois s'accompagnera du versement "d'une prime d'acquisition, en sus de la reprise de sa quote-part des coûts déjà engagés".
Le groupe français s'engagerait en outre à fournir à CGN "des garanties financières limitées", notamment en cas de surcoûts, de retard du calendrier, ou dans l'hypothèse d'une remise en cause par les autorités européennes de l'accord de prix garanti ("contract for difference") conclu avec l'Etat britannique.
Le taux de rentabilité prévisionnel (TRI) d'Hinkley Point est estimé à environ 9%, sur l'ensemble de la durée du projet, la sensibilité de ce TRI étant "d'environ 20 points de base pour six mois de retard".
SIX EPR EN INDE ?
Les élus du CCE d'EDF ont voté lundi à l'unanimité le lancement d'une expertise externe sur le projet controversé d'Hinkley Point, pour lequel les syndicats demandent un report du feu vert du groupe au-delà de 2016, voire de trois ans.
Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, veut lancer Hinkley Point dès que le groupe aurait obtenu l'avis de son CCE, tandis que le ministre de l'Economie Emmanuel Macron évoquait récemment un feu vert en septembre.
"Ce projet est essentiel pour assurer la crédibilité et la compétitivité de l'ensemble de la filière nucléaire française (...)", a notamment fait valoir Jean-Bernard Lévy jeudi lors de l'assemblée générale des actionnaires d'EDF.
"Il existe environ 60 réacteurs nucléaires en construction dans le monde. Sans Hinkley Point, nous n'aurions plus aucune crédibilité pour accéder à ces marchés."
L'Inde a demandé au groupe de lui remettre pour la fin 2016 une proposition technique et économique complète sur un site désigné pour la construction de six EPR, a annoncé Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF chargé de l'ingénierie et des projets du "nouveau nucléaire".
L'augmentation de capital du groupe d'environ 4,0 milliards d'euros, annoncée an avril, sera lancée "d'ici à la fin de l'année ou peut-être au tout début de 2017 si les conditions de marché sont favorables", a également dit Jean-Bernard Lévy.
(Edité par Jean-Michel Bélot)