par Howard Schneider et Jason Lange
WASHINGTON (Reuters) - Les risques à l'international et le ralentissement du marché de l'emploi aux Etats-Unis justifient une approche prudente du relèvement des taux d'intérêt en attendant la confirmation que la reprise économique américaine reste en bonne voie, a déclaré mardi Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale.
Intervenant devant la commission bancaire du Sénat, elle a expliqué que la banque centrale avait été prise de court quelques semaines après son premier relèvement de taux, en décembre, par le ralentissement de la croissance américaine et l'évolution du contexte international, avec notamment les inquiétudes sur l'économie chinoise et la baisse des cours du pétrole.
Certaines de ces hypothèques ne sont pas encore levées, a dit Janet Yellen, dont les propos ne laissent pas augurer d'un besoin urgent de relever à nouveau les taux.
Avant de resserrer de nouveau la politique monétaire, a-t-elle expliqué, la Fed doit être certaine que la croissance de l'économie américaine et les créations d'emploi ont rebondi et qu'aucun choc ne résulte de l'issue du référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne.
"Le rythme d'amélioration du marché du travail semble avoir ralenti plus récemment, suggérant que notre approche prudente (...) reste appropriée", a déclaré la présidente de la Fed.
Interrogée par un sénateur sur le risque de voir un vote britannique pour la sortie de l'Union européenne provoquer une récession aux Etats-Unis, elle a répondu: "Je ne pense pas que ce soit le scénario le plus probable mais nous ne savons pas réellement ce qui se passera et il nous faudra étudier très attentivement la situation."
"PERTE DE DYNAMISME" DE L'ÉCONOMIE
Dans un contexte de faiblesse de la croissance économique mondiale et de la productivité aux Etats-Unis et marqué par d'autres facteurs qui maintiennent les taux d'intérêt à un bas niveau sur la durée, le taux de référence de la Fed pour le marché de l'argent au jour le jour restera vraisemblablement bas "pendant un certain temps."
Les projections actuelles des responsables monétaires de la Fed tablent sur deux relèvements de taux directeurs cette année puis trois en 2017 et trois à nouveau en 2018, un rythme moins soutenu qu'anticipé en mars.
Le rythme des créations d'emploi a nettement ralenti à 80.000 environ en moyenne en avril et en mai contre 200.000 par mois au premier trimestre, une évolution que le rapport de politique monétaire remis aux membres de la commission qualifie de possible "perte de dynamisme."
"Elle se répète. Le message de fond, c'est que la tendance continue d'évoluer vers une attitude plus prudente de la Fed pour soutenir la phase actuelle d'expansion économique dans un contexte de fragilité de l'économie", a commenté Robert Tipp, responsable de la stratégie d'investissement de Prudential (LON:PRU) Fixed Income.
Les rendements des emprunts d'Etat américains ont légèrement fléchi et Wall Street a réduit ses gains après les déclarations de Janet Yellen. Les futures de taux reflètent une probabilité implicite de 12% d'une hausse de taux lors de la prochaine réunion de politique monétaire, fin juillet, sans grand changement par rapport à lundi.
(Marc Joanny et Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)