par Ahmed Aboulenein et Ahmed Rasheed
BAGDAD (Reuters) - Au moins 67 Irakiens ont été tués et des centaines blessés ce week-end lors de manifestations contre le gouvernement du Premier ministre Adel Abdoul Mahdi, marquées par des affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre.
Afin de mettre un terme à la violence grandissante, le Premier ministre irakien a ordonné le déploiement des forces d'élite de lutte contre le terrorisme (CTS) dans les rues de la capitale Bagdad et de Nassiriya, dans le sud du pays.
Il leur a été dit "d'utiliser toutes les ressources nécessaires" pour mettre fin aux manifestations, a-t-on appris de source sécuritaire.
Vers minuit, les forces d'élite avaient repris des points de contrôle dans les quartiers entourant la place Tahrir, au centre de Bagdad, et ont commencé à regrouper les manifestants. Les forces de sécurité, qui avaient lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, avaient échoué jusque là à faire évacuer la place.
À Nassiriya, des soldats de la CTS ont dispersé les manifestants, en frappant et en arrêtant des dizaines de personnes, ont indiqué des sources au sein de la police et des forces de sécurité.
Des milliers de personnes s'étaient rassemblées samedi dans ces deux villes pour une deuxième journée de protestation contre l'incapacité du pouvoir à améliorer les conditions de vie de la population après plusieurs années de conflit et de crise économique
Quatre manifestants ont été tués à Bagdad après avoir été frappés directement à la tête par les grenades lacrymogènes. Quatre autres manifestants ont trouvé la mort à Nassiriya lors de scènes de chaos.
Sept personnes ont été tuées lors de manifestations à Hilla, dans le centre du pays.
La veille, au moins 52 personnes avaient déjà trouvé la mort et plus de 2.000 personnes ont été blessés lors de manifestations à travers le pays.
Le Parlement devait se réunir en urgence dans la journée pour étudier les revendications des manifestants. Mais plusieurs responsables politiques faisant profil bas depuis le début du mouvement, la séance a été annulée car le quorum n'a pu être atteint.
Cette vague de manifestations survient après presque deux années de relative stabilité en Irak, qui a enchaîné de 2003 à 2007 une occupation étrangère, une guerre civile et une insurrection de l'Etat islamique.
Le mouvement de contestation contre le gouvernement d'Adel Abdoul Mahdi a débuté le 1er octobre à Bagdad avant de s'étendre à plusieurs villes du Sud, entraînant une violente répression policière qui a fait 157 morts et plus de 6.000 blessés, selon un bilan officiel.
(Bureau de Bagdad; Gilles Guillaume, Elizabeth Pineau et Arthur Connan pour le service français)