par Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - Les salariés d'iTELE se sont prononcés mercredi en faveur de la reprise du travail, mettant fin à une grève d'une durée sans précédent dans l'audiovisuel depuis mai 1968, en dépit de concessions limitées de leur direction.
La fin du conflit laisse toutefois entière la question de l'avenir de la chaîne, déficitaire, sur le créneau encombré de l'information où s'affrontent quatre chaînes gratuites.
La reprise du travail a été votée à l'unanimité moins deux abstentions, au terme de 31 jours de grève.
Une trentaine de salariés, soit un tiers des effectifs, ont annoncé leur départ de la chaîne, numéro deux de l'information en continu en France.
"Nous sortons de ce conflit éreintés et meurtris mais la tête haute, avec au cœur le sentiment d'avoir tenté de défendre notre honneur", écrivent les salariés dans un texte publié sur le site d'information Lesjours.fr.
Le conflit avait débuté le 17 octobre avec l'arrivée controversée de l'animateur Jean-Marc Morandini, mis en examen pour corruption de mineurs et corruption de mineurs aggravée.
Cette arrivée a cristallisé les inquiétudes de la rédaction face à la reprise en main de la chaîne après l'arrivée de l'entrepreneur milliardaire Vincent Bolloré à la tête de Vivendi (PA:VIV), maison mère du groupe Canal et de sa filiale iTELE.
"Je me réjouis évidement de la sortie de la grève. Cela aurait sans doute pu être plus court", a déclaré Maxime Saada, directeur général de Canal+, lors d'un déjeuner de l'association des journalistes médias.
PAS DE CALENDRIER POUR LE RETOUR À LA RENTABILITÉ
La rédaction a notamment obtenu la nomination d'un directeur de l'information délégué dont le choix reviendra à la direction. Le numéro un d'iTELE Serge Nedjar continuera toutefois de cumuler les fonctions de directeur général de la chaîne et de directeur de la rédaction.
Une charte éthique devrait par ailleurs être mise en place au cours des prochains mois par la chaîne, qui en aura quoi qu'il arrive l'obligation dans le cadre de la loi Bloche sur l'indépendance des médias.
Les journalistes n'ont pas obtenu le départ de l'animateur Jean-Marc Morandini mais ils ne seront pas obligés de travailler pour son émission.
Un accord a par ailleurs été trouvé sur une enveloppe d'indemnités pour les journalistes souhaitant quitter la chaîne.
Evoquant un épuisement des équipes, Maxime Saada a déclaré ne pas être en mesure de donner une date de retour du direct sur iTELE dont l'audience, déjà à la traîne du leader BFM TV (propriété de SFR (PA:SFRGR)), a chuté à 0,6% en octobre.
L'objectif prioritaire est le retour à la rentabilité de la chaîne dont les revenus atteignent actuellement 35 millions pour des coûts représentant 60 millions, a expliqué le dirigeant sans fournir de calendrier.
Pour redresser iTELE, le groupe veut faire jouer les synergies avec Canal+ dans le sport, la culture et à l'international, tout en assurant toutefois que la mission première d'iTELE restera l'information en continu.
Parallèlement à la sortie du conflit, le tribunal de grande instance de Nanterre a ordonné mercredi la suspension du déménagement d'une partie des bureaux d'iTELE.
Le groupe Canal + a annoncé dans un communiqué qu'il allait faire appel, et souligné que ces "mouvements", qui ne concernaient qu'une vingtaine de salariés, étaient "très limités" puisqu'ils consistaient à passer du deuxième au troisième étage du même immeuble.
(avec Chine Labbé, édité par Jean-Michel Bélot et Matthieu Protard)