par Gwénaëlle Barzic et Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - La crise s'est encore envenimée jeudi chez SoLocal alors que les échéances pour voter le plan de restructuration financière de l'entreprise, prévues les 30 novembre et 15 décembre, approchent.
En dépit des mises en garde de la direction et des créanciers de SoLocal, Benjamin Jayet, premier actionnaire du propriétaire des Pages Jaunes avec 7% du capital, a réitéré son souhait de renégocier le plan de restructuration de la dette qu'il juge toujours trop favorable aux créanciers.
Il a déclaré à Reuters qu'il entendait déposer plusieurs résolutions lors de l'assemblée générale qui se réunira le 15 décembre sur la restructuration de la dette.
Dans le cadre des appels au marché prévus pour réduire la dette de SoLocal, Benjamin Jayet proposera notamment l'attribution de 7 actions gratuites pour chaque action actuellement détenue par les actionnaires.
Il veut aussi demander une période de lock-up (période de détention obligatoire) de 3 ans pour les créanciers qui deviendront actionnaires, ainsi que la nomination de trois nouveaux administrateurs dont lui-même.
Alors que plane le spectre d'un nouv6eau rejet du plan de restructuration financière, les créanciers ont à leur tour haussé le ton jeudi en menaçant d'annuler leur réunion prévue le 30 novembre.
Par l'intermédiaire de leur comité ad hoc, qui représente 37% de la dette de SoLocal, les créanciers ont fait savoir quelques heures avant les déclarations de Benjamin Jayet qu'ils exigeraient le remboursement de la dette de SoLocal en cas d'annulation de la réunion.
"Le nouveau plan de restructuration comprend des concessions en faveur des actionnaires qui sont sans précédent", écrivent les représentants des créanciers. "Le plan actuel est la seule voie crédible pour désendetter le groupe et permettre à ses dirigeants de poursuivre le redressement de l’activité."
Plombé par un endettement de près de 1,2 milliard d'euros, qui l'empêche d'investir pour développer ses activités dans le numérique, SoLocal veut réduire des deux-tiers sa dette pour la ramener à 400 millions d'euros.
MENACES DE RECOURS JUDICIAIRES
Les créanciers font aussi savoir qu'ils étudieront les recours judiciaires possibles contre les actionnaires frondeurs.
La veille, c'est la direction de SoLocal qui a menacé d'annuler l'assemblée générale des actionnaires du 15 décembre si Benjamin Jayet et ses alliés campent sur leurs positions.
La réunion des créanciers et l'assemblée générale constituent des étapes cruciales car pour être validé et soumis au tribunal de commerce de Nanterre, la restructuration financière, qui prévoit des augmentations de capital et des conversions de dette en actions, doit être approuvée par au-moins deux-tiers des actionnaires et des créanciers.
Dans ce contexte, l'opposition de Benjamin Jayet et de ses alliés fait craindre un nouveau rejet du plan de restructuration de la dette après celui du 19 octobre qui avait contraint l'entreprise a amender son projet.
Alors que l'activité de SoLocal se dégrade, la direction redoute qu'un blocage supplémentaire entraîne une procédure de redressement judiciaire.
Contactée par Reuters sur la situation de SoLocal, l'Autorité des marchés financiers s'est refusée jeudi à tout commentaire.
En Bourse, l'action du groupe terminé la séance en repli de plus de 5% à 3,14 euros. Le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année après avoir déjà cédé 60,34% en 2015.
(Edité par Gilles Guillaume) OLFRBUS Reuters France Online Report Business News 20161117T152708+0000