par Matthias Blamont
PARIS (Reuters) - Sanofi (PA:SASY) est convaincu que sa division clé sur le diabète renouera avec la croissance vers la fin de la décennie en dépit des incertitudes liées aux pressions sur les prix aux Etats-Unis, a déclaré à Reuters un responsable du groupe pharmaceutique français.
Sanofi a fait état fin octobre de résultats supérieurs aux attentes et relevé ses prévisions de bénéfice pour l'année grâce à une croissance vigoureuse de sa division de biotechnologie Genzyme et à une saison de vaccination contre la grippe précoce aux Etats-Unis.
Mais le groupe n'a pas modifié sa prévision d'une baisse moyenne de 4 à 8% des ventes ajustées des changes pour sa division diabète, en difficulté, entre 2015 et 2018.
Plusieurs assureurs santé et gestionnaires de régimes d'assurance américains ont annoncé en septembre leur décision de cesser de rembourser le Lantus, principal traitement de Sanofi à base d'insuline, pour favoriser des traitements biosimilaires moins coûteux comme le Basaglar d'Ely Lilly.
Au troisième trimestre, le chiffre d'affaires de la division "Diabète et cardiovasculaire" de Sanofi a baissé de 2,5% à changes constants, à 1,58 milliard d'euros.
Mardi, le directeur général Olivier Brandicourt avait dit lors d'une conférence à Londres qu'il n'attendait pas de relâchement des pressions sur les prix des médicaments aux Etats-Unis même après l'élection de Donald Trump à la Maison blanche.
"Il y a un sujet prix (aux Etats-Unis). Mais derrière cela, vous avez beaucoup de facteurs de croissance pour cette division", a déclaré Peter Guenter, vice-président exécutif et directeur général de l'entité mondiale "Diabète et Cardiovasculaire", dans une interview à Reuters.
"Il y a d'énormes besoins médicaux qui sont insatisfaits, à la fois dans le domaine du diabète et du cardiovasculaire", a-t-il ajouté. "Nous ne donnons pas d'objectifs de long terme mais un retour à la croissance (des ventes) après 2018 est clairement un objectif de long terme."
Pour Peter Guenter, la nouvelle insuline Toujeo, lancée l'an dernier pour succéder au Lantus après l'expiration de son brevet, et l'anticholestérol Praluent sont d'évidents relais de croissance, combinés à des partenariats avec des géants technologiques comme Google (NASDAQ:GOOGL) (groupe Alphabet).
Sanofi et Verily, la division de sciences de la vie d'Alphabet, ont annoncé en septembre la création d'une co-entreprise qui proposera aux patients atteints de diabète des services et des objets connectés.
La Food and Drug Administration, l'autorité sanitaire américaine, doit par ailleurs se prononcer dans les prochains jours sur le Soliqua, une nouvelle thérapie associant le Lantus et la lixisénatide pour le traitement du diabète de type 2 chez l'adulte.
La stratégie de Sanofi se heurtera à une vive concurrence de laboratoires comme Novo Nordisk (CO:NOVOb) pour les traitements du diabète ou Amgen dans le domaine cardiovasculaire.
Guenter, qui dirigeait les opérations de Sanofi dans les pays émergents avant de prendre la tête de la division Diabète cette année, a ajouté que le groupe restait intéressé par des acquisitions, en tout cas dans son segment, après l'échec de la tentative de rachat de l'américain Medivation, finalement tombé en août dans l'escarcelle de Pfizer pour 14 milliards de dollars (13,1 milliards d'euros).
"Nous sommes en permanence à l'affût", a-t-il affirmé.
(Gilles Guillaume et Véronique Tison pour le service français)