Les enquêteurs travaillant sur le retentissant scandale sud-coréen de corruption ont de nouveau demandé mardi le placement en détention provisoire de l'héritier de Samsung, ce que la justice s'était refusé à faire en janvier.
Vice-président de Samsung Electronics (KS:005930) et fils du président du groupe, Lee Jae-Yong, 48 ans, a déjà été interrogé plusieurs fois dans cette affaire qui secoue le pays et a entraîné la destitution de la présidente Park Geun-Hye.
Il y a un mois, l'équipe spéciale d'enquêteurs avait envoyé une onde de choc dans les rangs du conglomérat en requérant l'arrestation de M. Lee pour des soupçons de corruption, d'abus de biens sociaux et de parjure.
Le premier fabricant mondial de smartphones, qui pèse un cinquième de l'économie sud-coréenne, se remettait déjà à peine de la débâcle du rappel planétaire de son Galaxy Note 7 aux batteries explosives.
Mais la justice avait refusé de délivrer un mandat d'arrêt, estimant que les preuves n'étaient pas assez solides pour justifier son arrestation.
M. Lee a de nouveau été interrogé lundi lors d'une audition marathon qui s'est terminée après minuit. Les enquêteurs disaient avoir découvert ces dernières semaines de nouveaux éléments à charge.
"Nous avons demandé un mandat d'arrêt contre Lee Jae-Yong", ont annoncé les enquêteurs mardi, sans donner de précision.
M. Lee est devenu le patron de facto du premier conglomérat sud-coréen après la crise cardiaque de son père en 2014.
Il est accusé d'avoir soudoyé la confidente de l'ombre de la présidente, Choi Soon-Sil, au centre du scandale qui dure depuis des mois, à hauteur de près de 40 millions de dollars. En échange, il aurait obtenu des faveurs de la part de Mme Park.
Mme Choi est soupçonnée de s'être servie de son entregent pour contraindre les grands groupes industriels à "donner" près de 70 millions de dollars à ses fondations. Mme Park est accusée elle de collusion, et d'avoir permis à Mme Choi de se mêler des affaires de l'Etat sans détenir le moindre titre officiel.
Samsung est celui qui s'est montré le plus généreux envers les fondations de Mme Choi. Il a également versé à l'amie de 40 ans de la présidente des millions d'euros, sous couvert de financer en Allemagne les entraînements sportifs de cavaliers sud-coréens, parmi lesquels la fille de Mme Choi.
Les enquêteurs cherchent en particulier à savoir si les versements effectués par Samsung ont servi à acheter le feu vert du gouvernement à une fusion controversée entre deux de ses entités en 2015.