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La Guyane retrouve les barrages, jusqu'à quand?

Publié le 18/04/2017 18:12
Le porte-parole du collectif des '500 frères' Olivier Goude lors d'une manifestation à Paris le 17 avril 2017 (Photo GEOFFROY VAN DER HASSELT. AFP)

Le porte-parole du collectif des '500 frères' Olivier Goude lors d'une manifestation à Paris le 17 avril 2017 (Photo GEOFFROY VAN DER HASSELT. AFP)

La Guyane était à nouveau paralysée mardi après la décision du collectif "Pou la Gwiyann dékolé" de refermer les barrages routiers pour obtenir du gouvernement la validation d'un protocole d'accord, malgré l'exaspération d'une partie de la population.

Les barrages avaient été ouverts jeudi soir pour permettre à la population de souffler pendant le week-end pascal après un mois de conflit.

Mais le collectif, qui porte des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone, veut "faire pression sur le gouvernement" à quelques jours de la présidentielle -samedi en Guyane- et a choisi de les refermer lundi soir.

Mardi matin, les barrages avaient tous été remis en place et de nouveaux installés autour de Cayenne et Kourou. Objectif: obtenir plus rapidement de l'exécutif qu'il valide un protocole d'accord envoyé par le collectif au chef de l'Etat et à la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts.

Ce protocole doit permettre de "suspendre le mouvement sous sa forme actuelle", selon Valérie Vanoukia, représentante des très petites entreprises (FTPE) de Guyane.

"Le dialogue a repris", a-t-elle affirmé, "très confiante pour dire que le mouvement sera suspendu dans les deux ou trois jours".

Le texte "acte" le plan d'urgence gouvernemental de plus d'un milliard d'euros et propose de "rouvrir le dialogue sur les 2 milliards" supplémentaires que réclamaient jusqu'à présent les manifestants, longtemps point d'achoppement.

Les protestataires demandent également "la rétrocession totale du foncier".

Ils ajoutent deux points "non négociables": "l'ouverture d'une consultation citoyenne" sur l'avenir institutionnel de la Guyane et la garantie qu'aucun manifestant ne soit sanctionné, alors que la justice a ordonné des contrôles de police sur les barrages après des plaintes de particuliers pour "entrave à la circulation".

-"On est humains"-

Au rond-point de Suzini, à Cayenne, le barrage était désormais tenu par des membres des "500 frères", collectif qui défile cagoulé dans les rues, a constaté l'AFP. "Ca calme la situation, car les gens devenaient agressifs", explique l'un d'entre eux.

Seuls peuvent passer le personnel médical et de santé, les services d'urgence (gendarmes, policiers, etc), mais aussi "les gens malades qui vont chez le médecin", ou "les gens qui habitent à côté et rentrent chez eux, on est humains", ajoute-t-il. "Mais les gens qui vont travailler, c'est niet!".

Une femme avec son fils viennent apporter des boissons fraiches. "Les gens sont compréhensifs", assure l'homme cagoulé, juste avant de se faire interpeller par un homme énervé. "Je suis juste un petit camion ambulant de merde qui survit, et en a marre", lance ce dernier, avant de s'en aller.

Michel, propriétaire de plusieurs chambres d'hôtes à Cayenne, est aussi exaspéré: "J'ai eu un seul client pendant un mois, et c'était un journaliste!". "Pourquoi tuer ceux qui créent dans ce pays? C'est ridicule!"

Mais d'autres entrepreneurs, comme Elodie Prodel, 32 ans, patronne de la librairie Guyalire, soutiennent le mouvement. "On n'a pas toujours été d'accord sur la forme, mais on fait confiance au collectif, en espérant qu'on ne fera pas partie des dommages collatéraux".

Lundi soir, au rond-point de la Crique-Fouillée, à Cayenne, Olivia, professeure agrégée de 40 ans, considérait aussi que face à la situation "indécente" de l'hôpital de Cayenne, "à ce stade-là, on n'a plus rien à perdre".

Les blocages, nombreux autour de Kourou, clouent toujours la fusée Ariane au sol.

Le site d'information Guyaweb a annoncé que 300 ressortissants russes à Kourou, censés travailler sur la préparation du tir de Soyouz prévu début avril mais réduits au "chômage technique", ont quitté la Guyane lors du week-end pascal.

Si le mouvement est suspendu, Mme Vanoukia a assuré que le combat prendrait d'autres formes, invitant notamment la population à porter plainte "contre l'Etat, par rapport à la santé, l'éducation, le non-développement économique, le foncier".

Un premier appel à porter plainte contre l'utilisation de gaz lacrymogènes contre la population lors d'une manifestation devant la préfecture a été lancé.

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