Les universités de Strasbourg et de Bordeaux ainsi que le pôle "Paris Sciences et Lettres" sont les trois premiers regroupements universitaires et de recherche choisis, au titre du grand emprunt, pour être dotés de moyens importants visant à leur donner un rayonnement mondial.
Ces lauréats ont été sélectionnés par un jury international au titre de l'appel à projets des "initiatives d'excellence" (Idex), a annoncé lundi au Monde le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, avant d'apporter des détails dans l'après-midi, à Bordeaux.
A terme, car il y aura une seconde vague de sélection à l'automne, il s'agit de transformer "cinq à dix" groupements d'établissements en "campus" à visibilité mondiale qui se répartiront 7,7 milliards d'euros, en grande partie sous forme de dotation en capital.
Les critères de choix sont "l'excellence de la formation et de la recherche", les partenariats avec le privé et "une gouvernance efficace".
Strasbourg est une université fusionnée depuis 2009, Bordeaux et PSL sont des Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres). Le pôle bordelais regroupe les quatre universités de la ville, alors que PSL réunit notamment Normale Sup, le Collège de France, Chimie ParisTech ou l'université Dauphine.
Strasbourg a été choisie pour sa gouvernance "simple et efficace", "l'excellence" de sa recherche en chimie et sciences de la vie, son collège doctoral européen et sa coopération avec des universités allemandes (Karlsruhe, Freibourg) et suisses, a expliqué M. Wauquiez.
Alliance grandes écoles/université, le "projet collectif innovant" de PSL est présenté par le ministre comme "potentiellement révolutionnaire".
Le pôle bordelais est lui "très en phase avec le monde de l'entreprise", "solide en recherche", propose "une refonte complète et harmonisée de son cycle de licence" et "un volet numérique innovant avec le MediaLab".
Pour les étudiants, a ajouté le ministre, ces projets offriront de nouveaux lieux d'étude "conviviaux" et "des cursus pluridisciplinaires".
Sept projets avaient été pré-sélectionnés en mars, mais Grenoble, Lyon, Toulouse et "Sorbonne Universités" n'ont pas été retenus à ce stade.
Un choix particulièrement surprenant dans le cas de "Sorbonne Universités", pôle comprenant Paris-2 Assas, Paris-4 Sorbonne et Paris-6 Pierre-et-Marie-Curie (l'UPMC), alors que l'UPMC est la plus grande université scientifique du pays.
Mais rien n'est encore perdu: il y aura d'autres lauréats à l'automne, d'autant que la première pré-sélection avait écarté le campus de Saclay (sud-ouest de Paris), très soutenu par le pouvoir et réunissant Centrale, Polytechnique ou l'université d'Orsay. Plusieurs personnalités ont depuis été nommées pour améliorer ce projet fragilisé par un flou stratégique et des querelles d'égo.
Concernant le choix annoncé lundi, M. Wauquiez a d'ailleurs dit que "vu les moyens en jeu, il n'est pas concevable que des mésententes locales puissent bloquer le développement des universités".
Reste que ce type de sélection a aussi été très critiqué dans le supérieur et la recherche. L'intersyndicale du secteur craint un système "à deux vitesses", entre de "grands campus" et les "laissés-pour-compte" que seraient à terme des pôles de proximité uniquement dédiés à la licence (bac+3).
Les syndicats critiquent aussi la gouvernance envisagée, perçue comme trop resserrée et managériale, et affirment que l'emprunt cache une baisse du "financement récurrent" des laboratoires.