Musées fermés, transports paralysés, justice bloquée: la mobilisation syndicale gagnait du terrain mercredi en Grèce, en vue d'une grève générale le 19 octobre contre une nouvelle loi d'austérité que le gouvernement veut faire voter le 20 octobre, à temps pour le sommet européen.
Se ralliant à la valse des débrayages sectoriels, manifestations et occupations d'administrations, qui perturbent la vie du pays depuis des semaines, le personnel du ministère de la Culture a appelé mercredi et jeudi à la fermeture des musées et sites archéologiques, dont l'Acropole d'Athènes.
"1944: libération, aujourd'hui: occupation", proclamait une banderole déployée dans la matinée par des protestataires sur le site, juste maintenu ouvert pour la commémoration de la fin de l'occupation nazie.
Pour jeudi et vendredi, les personnels des transports en commun d'Athènes ont également décidé un nouveau débrayage après leur dernière journée d'action en date, lundi. La puissante fédération des marins, PNO, entend, elle, clouer à quai les ferries desservant les îles au début de la semaine prochaine, lundi et mardi.
Les syndicats du stratégique ministère des Finances en ont pour leur part annoncé la "fermeture" pour dix jours à partir de lundi.
Dans l'intervalle, la justice grecque, déjà réputée pour sa lenteur, doit être paralysée à partir de jeudi par cinq jours de grève des avocats, tandis que se poursuivent diverses mobilisations dans les crèches, hôpitaux et écoles.
L'enjeu de cette grogne, qui ne nourrit toutefois pas jusque-là de mobilisation massive dans les rues où l'abattement semble l'emporter, est une nouvelle loi cadre d'austérité, prévoyant notamment coupes salariales et chômage technique dans la fonction publique, et taxes additionnelles.
Même les fédérations de commerçants et d'artisans ont annoncé qu'ils se joindraient à la grève générale.
Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos a toutefois souligné devant le parlement sa volonté de faire voter le texte le 20 juin, à temps pour le sommet européen du 23 octobre qui doit confirmer la volonté des partenaires du pays à continuer à l'aider à s'extraire de son surendettement
"Il nous faut prouver que la Grèce respecte ses engagements, qu'elle peut participer sérieusement à la discussion sur la viabilité de sa dette et l'allègement des obligations pesant sur son peuple", a plaidé mercredi le ministre.
Les mesures prévues "touchent au noyau de l'Etat, qui est le problème numéro un" du pays, "car pour des raisons génétiques et historiques, c'est l'économie privée et toute la société qui dépendent de l'Etat", a-t-il insisté.
En riposte, la puissante centrale de la Fonction publique a suggéré que la grève du 19 soit prolongée le 20, et une décision sur ce point est attendue prochainement.
Le gouvernement socialiste s'est résolu à ce surcroît d'austérité sous la menace d'un lâchage par l'Union européenne et le Fonds monétaire international qui protègent le pays depuis 2010 de la banqueroute en échange d'engagements de redressement.