Le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, critique le protectionnisme prôné par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, et rejette la surveillance des exportations sud-coréennes réclamée par Paris dans une interview publié mardi par Le Figaro.
"Monsieur Montebourg s'affiche contre la mondialisation, il est protectionniste, c'est un choix. Mais son raisonnement ne tient pas la route. La France ne peut pas, seule, redistribuer les cartes du commerce mondial.", a estimé M. de Gucht, de nationalité belge.
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, avait exprimé ses craintes sur le "protectionnisme patriotique" supposé de M.Montebourg ce week-end. Celui-ci lui a suggéré en retour "de rééquilibrer les rapports déséquilibrés existants entre des nations industrielles pour défendre aujourd'hui l'industrie française et européenne". Le ministre ajoutant que "le bilan du libre-échange mondial proposé par l'OMC est un désastre".
Par ailleurs M. de Gucht a rejeté l'idée de la France de "mettre sous surveillance les importations de voitures coréennes". "Nous avons mené l'enquête et conclu que cette requête n'est pas fondée.", a-t-il indiqué. "La Commission vient donc de refuser la demande de Paris. Les conditions juridiques ne sont pas remplies. Bien plus, les chiffres montrent que l'accord de libre-échange signé avec Séoul en 2011 est largement favorable à l'UE. Notre déficit commercial bilatéral est tombé au plus bas.", a-t-il précisé.
Interrogé sur l'intention de l'UE de négocier d'autres accords de libre-échange, le commissaire européen a admis que des négociations allaient commencer avec le Japon. "Mais nous nous arrêterons s'il n'y a pas assez de progrès sur l'ouverture du marché nippon dans un délai de douze mois. L'accord n'est pas pour demain.", a-t-il souligné.
Avec les Etats-Unis, "je présenterai décembre un rapport de faisabilité aux Vingt-sept, en cosignataire avec mon homologue américain Ron Kirk.", a-t-il annoncé. "Les augures sont bons, la négociation ne sera pas facile. Cela pourrait créer quelques problèmes avec la France et son agriculture…" a malgré tout admis M.de Gucht.