La croissance continue du chômage depuis 17 mois, comparée par le ministre du Travail Michel Sapin à un "navire lancé à pleine vitesse" difficile à ralentir, a connu sa plus forte augmentation enregistrée depuis avril 2009.
On dénombrait en métropole à la fin septembre 3,05 millions de demandeurs d'emploi sans activité, 46.900 de plus qu'en août (+1,6% en un mois, 10% en un an). Plus de 3,3 millions avec les DOM.
Le seuil symbolique des trois millions, passé pour la dernière fois en 1999, avait été franchi en métropole fin août.
Au total, en incluant les chômeurs travaillant à temps réduit, la métropole accuse un nouveau record: 4,5 millions de personnes cherchaient un travail (4,7 millions avec les DOM) fin septembre.
"On revient sur des niveaux proches de ceux connus au pire de la crise de 2009", relève Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques. Le bond de septembre s'explique par une arrivée "importante" de personnes ayant achevé un CDD, la variable d'"ajustement" du marché du travail, souligne-t-elle.
Michel Sapin avait déjà prévenu que les chiffres seraient "mauvais encore plusieurs mois".
"C'est très long, c'est comme un navire lancé à pleine vitesse, avant que ça ralentisse il faut que les politiques que nous lançons en ce moment aient porté leurs fruits", a-t-il déclaré mercredi.
Jeunes et seniors sont une fois de plus les plus touchés, avec une explosion supérieure à 2,2% en un mois (pour les chômeurs sans activité).
Les offres de contrats de plus de 6 mois récoltées par Pôle emploi ont baissé de 7,4% en septembre. "Le marché est sclérosé" et les premières victimes sont "ceux qui sont dans la file d'attente, jeunes et chômeurs de longue durée", pointe Mme Cochard.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a souligné mercredi que "le gouvernement avait agi tout de suite" pour ces deux catégories, avec la création des emplois d'avenir, attendus dès novembre, et les futurs contrats de génération en 2013.
Le gouvernement mise aussi sur la négociation engagée par les partenaires sociaux pour réformer le marché du travail et une réforme de la protection sociale pour qu'elle pèse moins sur les salaires.
Sans attendre, 40.000 emplois aidés de plus ont été débloqués, après une rallonge de 80.000 contrats en juin, qui s'ajoute aux 390.000 emplois programmés par le précédent gouvernement.
"La situation des chômeurs de longue durée justifierait que ces 40.000 contrats aidés leur soient plus spécifiquement encore destinés", estime Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi.
Le nombre d'inscrits depuis plus d'un an a atteint fin septembre un nouveau pic historique avec 1,8 million de personnes (avec ou sans activité).
L'ancienneté moyenne (472 jours) des inscrits "augmente, comme le nombre de demandeurs d'emploi qui ne sont plus indemnisés, signe que les chômeurs de 2008-2009 vieillissent au chômage", s'inquiète Mme Cochard.
Les "mauvais chiffres" de septembre sont "cohérents avec une croissance économique plate depuis trois trimestres", souligne par ailleurs Mme Carrère-Gée.
Pour cette raison, l'Insee table sur une poursuite de la hausse du chômage dans les prochains mois. Après 13 ans sous la barre des 10% en métropole, le taux de chômage franchirait de nouveau ce seuil au 3e trimestre et pourrait atteindre 10,2% fin 2012.
Malgré ces perspectives, M. Sapin juge que l'objectif fixé par François Hollande d'"inverser la courbe chômage d'ici un an" est "raisonnable" et "possible".
Les économistes pensent qu'il sera difficilement atteignable sans croissance supérieure à 1,5%. Le gouvernement table pour 2013 sur 0,8%. Les prévisions du FMI ne sont que de 0,3%.