PARIS (Reuters) - Le titre Danone (PA:DANO) grimpe mardi à la Bourse de Paris, porté par des informations selon lesquelles le fonds activiste Corvex Management détient pour environ 400 millions de dollars (340 millions d'euros) d'actions du groupe agroalimentaire.
D'après l'agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, le fonds new-yorkais, dirigé par Keith Meister, juge le groupe français sous-évalué.
Corvex n'a pas l'intention pour l'instant de demander publiquement des changements dans la gestion de Danone, ni d'engager une procédure pour peser sur ses décisions, mais sa position pourrait évoluer, ajoute l'agence.
La capitalisation boursière de Danone dépassant 42 milliards d'euros selon les données Thomson Reuters, une participation de 400 millions de dollars équivaut à environ 0,8% du capital.
Corvex et Danone se sont refusés à tout commentaire.
"BON TIMING" POUR CORVEX
A la Bourse de Paris, l'action Danone gagne 2,06% à 67,79 euros mardi à la mi-journée, signant la plus forte hausse du CAC 40 (+0,47%).
L'ADR (American Depositary Receipt) de Danone coté à Wall Street a gagné près de 7% lundi soir.
"Depuis 2014, nous soulignons la sous-valorisation évidente de Danone. Il n'est pas étonnant qu'un activiste finisse par saisir cette opportunité", observe Pierre Tegner, analyste chez Natixis.
"Le timing est très bon. Soit Corvex attend que Danone se revalorise à 20 fois les bénéfices 2020 - alors que les pairs européens du 'consumer staples' se paient à un PER 12 mois de 22× - et dans ce cas le cours peut tendre vers 100 euros d'ici deux ans, soit Corvex rentre dans une logique plus brutale", ajoute l'analyste.
Un activiste pressé pourrait notamment pousser à une cession par appartement de la division Eaux et de la Nutrition et laisser à la direction l'option d'un LBO sur les branches Dairy et WhiteWave, indique Pierre Tegner.
"Mais avec 1% du capital, ce n'est pas suffisant sauf s'il obtient le soutien d'autres actionnaires qui sont de plus en plus nord-américains", note l'analyste.
RUMEURS D'OPA RÉCURRENTES
Danone est la cible récurrente de rumeurs et de spéculations autour d'un rachat.
Dimanche, le New York Post a ainsi rapporté que Danone était considéré comme une cible potentielle, ce qui avait déjà favorisé la hausse de l'action du groupe à la Bourse de Paris lundi.
Fin juin, des analystes estimaient que la récente élection d'Emmanuel Macron à la présidence rendait plus probable la perspective d'un rachat de Danone, précisant que des groupes comme Kraft Heinz, PepsiCo ou encore Coca-Cola pouvaient être intéressés.
Chez Bernstein, Andrew Wood juge importante la possibilité d'amélioration de la marge de Danone, ce qui pourrait intéresser Kraft Heinz. Mais, ajoute-t-il dans une note, une initiative du groupe américain serait vraisemblablement vivement repoussée à la fois par Danone et par la France en général.
Coca-Cola pourrait être un prédateur plus acceptable, poursuit l'analyste, qui s'interroge cependant sur la logique industrielle d'un tel mariage éventuel. La division Eaux soulèverait probablement des problèmes de concurrence, relève-t-il, tandis que les produits laitiers frais, les produits végétaux, la nutrition infantile et la nutrition médicale constitueraient un nouvel horizon stratégique de taille pour Coca-Cola.
Dans une interview accordée à Reuters fin juin, le directeur général de Danone Emmanuel Faber avait estimé que Danone n'était "ni plus ni moins (vulnérable) que d'habitude" à une offre de rachat.
La montée de Corvex au capital de Danone interviendrait après plusieurs offensives de fonds activistes dans le secteur agroalimentaire.
Le suisse Nestlé est depuis deux mois sous la pression de l'investisseur activiste Daniel Loeb, à la tête du fonds Third Point, qui réclame des cessions d'actifs après avoir obtenu un plan de rachat d'actions.
De son côté, Procter & Gamble fait face aux assauts du fonds Trian Fund Management, dirigé par Nelson Petz, qui cherche à obtenir un siège au conseil d'administration du géant américain des produits de grande consommation.
(Blandine Hénault, Bhanu Pratap, Marc Angrand et Dominique Rodriguez)