L'Italie a enregistré une progression de 0,4% de son PIB au deuxième trimestre, poussée par la demande intérieure, qui porte la croissance à 1,5% sur un an, son rythme le plus soutenu depuis 2011 même s'il reste en-deçà de la moyenne européenne.
La croissance économique dans la zone euro s'est en effet établie à 0,6% au deuxième trimestre 2017 et a atteint 2,2% sur un an, a annoncé mercredi l'Office européen des statistiques Eurostat.
Sur les six premiers mois de l'année, le Produit intérieur brut italien a progressé de 1,2%, selon l'Institut national des statistiques (Istat), qui tablait en mai sur une croissance de 1% en 2017.
"Mieux que les prévisions. Une bonne base pour relancer l'économie et l'emploi", s'est réjoui sur Twitter le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni.
Au printemps, le gouvernement italien prévoyait une augmentation du PIB de 1,1% cette année, la Commission européenne tablait sur 0,9% et le Fonds monétaire international (FMI) sur 0,8%.
La Banque centrale d'Italie avait pour sa part revu à la hausse ses prévisions mi-juillet -- 1,4% contre 0,9% estimé en janvier -- en évoquant une "accélération de l'activité économique en début d'année" mais aussi "le développement plus favorable de la demande et des marchés des matières premières énergétiques".
La prudence reste de mise pour la suite: la banque centrale prévoit une croissance de 1,3% en 2018 et 1,2% en 2019.
Pour Lorenzo Codogno, chef économiste de LC Macro Advisors, le renforcement de la croissance est le résultat de l'amélioration du marché de l'emploi, de la reprise progressive des performances des investissements, d'un début d'amélioration des conditions de crédit et d'une plus grande confiance des entreprises.
- Reste l'incertitude politique -
"Pour ce qui est des consommateurs, la confiance est loin de ses sommets de fin 2015 (...) mais la consommation des ménages a soutenu la croissance de manière plus marquée", ajoute-t-il.
Après avoir connu deux années de récession, l'Italie a renoué avec une très petite croissance en 2014 (+0,1%), avant de se maintenir à des niveaux très bas: 0,8% en 2015 puis 0,9% en 2016, soit la moitié de la moyenne de la zone euro, plombée par l'incertitude politique et les fragilités du système bancaire.
Ce dernier est en train de se renforcer avec le sauvetage public de la BMPS puis de deux banques vénitiennes en mai, rassurant les marchés qui redoutaient un effet domino.
Ces sauvetages se révèleront cependant coûteux pour les contribuables italiens: plus de 8 milliards d'euros pour la BMPS et jusqu'à 17 milliards pour les deux banques vénitiennes (l'équivalent de 1% du PIB).
En revanche "l'attention va vite revenir sur les élections législatives prévues avant mai 2018 et les implications d'un Parlement potientiellement paralysé" entre les blocs du centre-gauche, du centre-droit et des populistes du Mouvement cinq étoiles, prévient Florian Hense, économiste chez Berenberg.
Dans l'immédiat, l'accélération de la croissance devrait alléger la pression budgétaire sur le gouvernement, qui a de plus obtenu mi-juillet l'autorisation de Bruxelles de limiter son effort de réduction du déficit en 2018.
Mais Bruxelles continue de presser Rome de réduire son déficit public afin de favoriser une baisse de sa dette publique.
Cette dernière a atteint en 2016 un niveau record de 132,6% du PIB, le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce, bien au-delà des règles européennes qui exigent un ratio inférieur à 60%.