PARIS (Reuters) - Le titre Carrefour (PA:CARR) chute lourdement jeudi à la Bourse de Paris, accusant sa plus forte baisse historique en une séance, après l'avertissement lancé par le géant de la distribution sur ses résultats annuels.
A 14h20, l'action décroche de -14,41% à 16,69 euros, accusant de loin le plus fort repli du CAC 40 (+0,72%) et du Stoxx 600 (+0,81%). Dans son sillage, le concurrent Casino chute de -4,11% et l'indice Stoxx 600 de la distribution perd -1,15%, unique repli sectoriel en Europe.
Carrefour, qui avait déjà vu son résultat opérationnel courant (ROC) reculer de 3,8% en 2016, a dit prévoir une chute d'environ 12% de ce résultat en 2017, aux environs de 2,07 milliards d'euros, très loin des 2,4 milliards attendus par les analystes qui avaient déjà revu leurs attentes (le consensus était encore de 2,49 milliards début juillet).
Le groupe a également révisé en baisse sa prévision de croissance des ventes, ramenée entre 2% et 4%, contre 3% à 4% auparavant.
Dans la foulée, de nombreux intermédiaires financiers ont abaissé leur recommandation sur le titre Carrefour.
"Les résultats du premier semestre sont significativement inférieurs aux attentes avec une prévision qui implique une réduction sensible des attentes du consensus", pointent les analystes de HSBC, qui ont abaissé leur conseil à "alléger" contre "conserver".
Les analystes de Barclays (LON:BARC) notent de leur côté que la publication de Carrefour illustre les difficultés structurelles rencontrées par le groupe, en premier lieu sa forte exposition "sur le marché français ultra concurrentiel et irrationnel de la distribution alimentaire".
"Pour nous, la plus grosse déception dans la publication des chiffres du premier semestre réside dans l'impact du coût d'intégration de Dia en France et des magasins Eroski rachetés en Espagne", expliquent pour leur part les analystes d'Invest Securities.
"Une nouvelle fois dans un historique chargé en la matière, Carrefour semble 's'être pris les pieds dans le tapis' de la conversion ou transformation de magasins et réseaux", ajoutent-ils.
La majorité des analystes soulignent par ailleurs la très faible visibilité sur les perspectives de Carrefour. "L'Europe et l'Argentine suivent désormais la France dans la liste des préoccupations. 2018 pourrait être pire que 2017", s'inquiètent les analystes de JPMorgan, qui ont revu leur recommandation à "neutre" contre "surpondérer" auparavant.
Le nouveau PDG Alexandre Bompard s'est dit mercredi conscient de "l'ampleur et de la difficulté de la tâche à accomplir". Il a indiqué qu'il détaillerait son action "avant la fin de l'année", en évoquant la nécessité d'accélérer la transformation digitale, d'adapter le format des hypers français aux nouveaux comportements des consommateurs et au e-commerce, de simplifier l'organisation ou d'accroître les synergies.
"Même si ces piètres performances pourraient conduire le nouveau PDG de Carrefour à prendre des décisions difficiles, comme un programme de réductions de coûts en France, nous estimons que l'impact de cette nouvelle stratégie ne devrait pas être visible avant le second semestre au plus tôt", indiquent les analystes de Barclays.
(Blandine Hénault, édité par Patrick Vignal)