Acculé dans les cordes sur le plan commercial, engagé dans un houleux dialogue avec ses salariés, PSA Peugeot Citroën a tenté mardi de reprendre la main en dévoilant un projet de véhicule sans égal dans le monde, car faisant appel à l'air comprimé.
PSA a présenté à la presse un projet d'une nouvelle chaîne de traction hybride essence fonctionnant grâce à de l'air comprimé et qui pourrait équiper des véhicules commercialisés à partir de 2016.
"C'est une étape clé vers la voiture aux 2 litres aux 100" kilomètres, s'est félicité le président du directoire Philippe Varin lors de la présentation de ce qu'il a présenté comme une première mondiale.
Cette innovation repose sur l'utilisation d'un moteur essence, d'un stockeur d'énergie sous forme d'air comprimé, d'un ensemble moteur-pompe hydraulique et d'une transmission automatique via une boîte de vitesses développée spécialement, explique PSA.
Ceci permet "une récupération de l'énergie au freinage et à la décélération", a expliqué le chef de projet Karim Mokaddem.
En ville, ce type de véhicule fonctionne à l'air comprimé sur de courtes distances, avant que la propulsion thermique ne se réenclenche.
Comme le moteur électrique, le moteur pneumatique a été développé bien avant le moteur à essence. Mais à part quelques applications dans le domaines des transports en communs (tramways), cette technologie n'a pas prospéré, en raison notamment de la faible autonomie qu'elle permet.
"Innovation de rupture"
Le projet de PSA a été développé dans le cadre d'une coentreprise avec l'Etat, qui détient une part minoritaire. "C'est un partenariat exemplaire", s'est félicité Philippe Bouyoux, commissaire général adjoint à l'investissement car "c'est une innovation de rupture".
Les équipementiers allemand Bosch et français Faurecia sont associés au projet, qui permet une économie de carburant de 45% en ville et qui doit permettre à PSA de "maintenir son leadership en terme d'émission de CO2", selon M. Varin. Le premier constructeur automobile français est déjà présent dans l'hybride diesel-électique.
L'objectif de ce projet est de faire baisser à environ 70 grammes par kilomètre les émissions de CO2, contre environ 125 généralement.
Le constructeur présentera cette nouvelle technologie plus en détail au salon automobile de Genève en mars. Les véhicules qui en seront équipés coûteront plus chers que les classiques, mais PSA n'a pas voulu chiffrer ce surcoût. Ce sera "une voiture accessible au plus grand nombre", a promis son directeur de la recherche et développement Guillaume Faury.
Elle présente l'avantage d'être facilement adaptable sur des voitures et des utilitaires, d'être "indépendante des conditions climatiques et du maillage du réseau de maintenance" ou de recharge, contrairement aux véhicules électriques, a vanté M. Mokaddem.
Les promoteurs de la propulsion pneumatiques font valoir que la fabrication du réservoir d'air comprimé est bien inférieure à celui d'une batterie électrique. Son poids est également bien moins élevé. Cette technologie est toutefois bruyante, contrairement au moteur électrique.
PSA a aussi présenté sa nouvelle plate-forme dénommée "EMP2" sur laquelle seront construits ses futurs modèles type berline, coupé, break, monospace et SUV. Elle équipe déjà les usines de Sochaux en France et de Vigo en Espagne, puis Wuhan en Chine à partir de 2014.