Passée la fièvre provoquée par les tentatives de Laurence Parisot de se maintenir à la tête du Medef, tous les favoris sont désormais en lice dans la course à la présidence de la plus grande organisation patronale de France.
Dernier à être sortir du bois, le patron de la puissante fédération de la métallurgie (UIMM) Frédéric Saint-Geours a exposé vendredi ses intentions devant la presse, après s'être déclaré dans un entretien publié la veille au soir sur le site du quotidien Le Figaro.
Le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) Patrick Bernasconi, un ancien fidèle de Mme Parisot perçu un temps comme son dauphin, venait d'annoncer sa candidature dans le même journal.
Le patron du Groupe des fédérations industrielles (GFI) Pierre Gattaz et le fondateur de Virgin Mobile Geoffroy Roux de Bézieux avaient déjà fait acte de candidature respectivement mi-janvier et fin février. Les autres candidats en vue, bien qu'un peu moins connus, sont le patron de PME Thibault Lanxade et l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot.
"La France est en danger d'être reléguée en 2e division, en danger de décrochage", a déclaré à la presse M. Saint-Geours. "Le plus inquiétant est que la France a arrêté d'investir", a-t-il lancé.
"Depuis 20 ans la France fait fausse route en privilégiant une politique de la demande et de la dépense publique. Il faut de façon urgente privilégier une politique de l'offre qui favorise le développement de la production de biens et de services et la reprise de l'investissement", a-t-il poursuivi.
Le président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), qui se revendique chef d'entreprise pour avoir dirigé plusieurs activités pendant 27 ans au sein de PSA Peugeot Citroën, a aussi été directeur de cabinet du socialiste Henri Emmanuelli au Budget de 1984 à 1986, au temps, rappelle-t-il, de la "rigueur" et de l'inflation jugulée.
De la même manière il faut "rééquilibrer la politique européenne du tout consommateur", a-t-il estimé.
Election au début de l'été
Tout comme l'avait fait de façon imagée, fin mars, son concurrent Pierre Gattaz au cours d'un débat avec des entrepreneurs. "L'Europe ne doit pas seulement aider la consommation et l'environnement: on est tous consommateurs en Europe, tous verts et tous chômeurs !", avait-il ironisé.
Pour M. Gattaz, "le chômage est le problème numéro un en France" et "l'on risque si on ne fait rien d'arriver à 12%, 13%, 14% avec des banlieues qui vont exploser". Les patrons ont "peur d'embaucher", a-t-il souligné en appelant à "la flexibilité de l'emploi" et en fustigeant les "postures dogmatiques politiques pour dire on va garder telle usine, on va garder les emplois".
M. Bernasconi a lui fait valoir son "engagement fort depuis huit ans" à la tête de la FNTP et "une expérience de négociateur au Medef", qui "croit en un dialogue social renforcé", "pour améliorer la compétitivité". "Mon projet, c'est la défense des entreprises", déclare celui qui a négocié l'accord sur le marché du travail, en souhaitant "améliorer l'image de l'entreprise".
M. Roux de Bézieux a mis en avant la "démarche" d'un "entrepreneur". "J'ai créé et développé à partir de rien deux entreprises de plusieurs centaines de salariés dans les télécoms", plaide-t-il.
Le fondateur du groupe Omea Telecom (Virgin Mobile, Tele2, Breizh Mobile, Casino Mobile) prône "l'initiative privée" et "une société du risque". "Le Medef doit promouvoir une politique de l'offre basée sur l'augmentation de la productivité et sur la compétitivité", dit, lui aussi, ce candidat.
"L'allongement de l'espérance de vie implique d'augmenter la durée d'activité. C'est non négociable!", ajoute cet ex-président de l'Unedic et ancien vice-président du conseil d'administration de Pôle Emploi, appelant à "plus de flexibilité".
"Aujourd'hui, les entreprises sont trop dépendantes de la sphère politique et le Medef est dans une position essentiellement défensive", accuse pour sa part M. Volot, plus discret dans les médias, invitant les entreprises à "passer de la position de demandeur à celle de demandé".
Thibault Lanxade a dit son intention, s'il est élu, de s'attaquer au "millefeuille patronal" et à son "inertie". L'élection aura lieu au début de l'été, le mandat de Mme Parisot s'achevant le 1e juillet. Un dépôt officiel de candidature doit avoir lieu deux mois avant.