Le chômage a fortement progressé au Portugal au premier trimestre 2013, atteignant le taux record de 17,7% alors que le pays, sous assistance financière, applique un strict programme d'austérité, exigé par ses créanciers.
Selon l'Institut national des statistiques (INE) le nombre de sans-emploi est de 952.000 ce qui représente une augmentation de 16,2% sur un an avec 132.900 chômeurs en plus.
Pour les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de chômage s'est élevé à 42,1%, contre 36,2% il y a un an, tandis que il a augmenté de 19,8% sur un an et de 4% sur un trimestre pour la tranche d'âge 25 à 34 ans, selon l'INE.
Le nombre de personnes bénéficiant d'un emploi a été estimé à 4,4 millions sur une population d'environ 10,5 millions de personnes.
Pour 2013 le gouvernement a prévu un taux de chômage de 18,2% qui devrait passer à 18,5% l'année prochaine alors qu'il a présenté récemment un nouveau programme de mesures d'austérité qui prévoit notamment la suppression de 30.000 fonctionnaires sur un total d'environ 700.000.
La hausse du taux de chômage, qui était l'année dernière de 15,7%, intervient alors que la politique de rigueur a fortement contribué au recul de l'économie. En 2012 la récession a été de 3,2% et devrait s'établir à la fin de 2013, à 2,3%.
Les mauvais chiffres du chômage ont été annoncés au moment où la "troïka" (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers du Portugal, est à Lisbonne pour évaluer le nouveau plan d'austérité mis au point par le gouvernement après le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures inscrites au budget de l'Etat pour 2013, marqué par des hausses d'impôts sans précédent.
Outre les suppressions d'emplois des fonctionnaires, le gouvernement a également prévu un allongement de leur temps de travail de 35 à 40 heures par semaine et un report de 65 à 66 ans de l'age du départ à la retraite à taux plein.
La récession et le chômage sont les principales difficultés rencontrées par le Portugal dans la mise en oeuvre du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros que l'Union européenne et le Fonds monétaire international lui ont accordé en mai 2011.
L'augmentation constante du nombre de sans emploi alimente par ailleurs le mécontentement social et de fortes critiques de la part du Parti socialiste, la principale formation de l'opposition, qui réclame une renégociation du plan d'aide.
Tenant compte de ce climat, le gouvernement a présenté, fin avril, un plan de relance de l'économie, intitulé "mémorandum pour la croissance et l'emploi", axé sur l'aide aux PME et le développement des exportations. Mais d'une manière générale ce plan a été considéré par les partenaires sociaux et l'opposition comme un simple catalogue de bonnes intentions.
En revanche, l'application stricte de mesures d'austérité ont valu au gouvernement du Premier ministre de centre droit Pedro Passos Coelho le soutien de ses créanciers qui ont accepté d'alléger ses engagements de réduction du déficit public.
Elle lui a également permis de retrouver la confiance des investisseurs comme l'a montré mardi dernier la réussite de son premier emprunt à long terme depuis sa demande d'aide internationale il y a deux ans.
Par le biais d'un emprunt syndiqué, le Trésor portugais a en effet réussi à placer 3 milliards d'euros à 10 ans au taux de 5,669% avec une demande supérieure à 10 milliards d'euros.