TOULOUSE (Reuters) - Un chercheur de Toulouse a mis au point une nouvelle méthode d’analyse de l’ADN en dix minutes au lieu de trois à quatre heures, une découverte qui peut selon lui être utilisée en criminologie et pour dépister des cancers génétiques.
Aurélien Bancaud, chercheur du Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS (LAAS-CNRS), a reçu le 1er février un prix de la Société française de chimie.
La séparation des molécules d'ADN est un outil essentiel de la biologie moderne. Elle permet notamment d'identifier des séquences du génome et de vérifier la qualité d'un échantillon.
Elle permet aussi de récolter un fragment d'ADN afin d'éditer un génome "artificiel" sous forme de codes-barres.
La méthode utilisée depuis les années 1970, à l'aide d’un polymère alimentaire très courant, l'agarose, est limitée par son temps de mise en œuvre et sa médiocre sensibilité, ce qui nécessite une consommation importante d’échantillons d’ADN.
La méthode d'Aurélien Bancaud n'a plus besoin d'agarose.
"J’ai fait cette découverte un peu par hasard", raconte le chercheur. "La méthode MicroLAS que j’ai mise au point n'utilise pas de matrice en gel : on fait passer directement le champ électrique dans l'ADN déposé non plus sur du gel mais sur une petite puce, semblable à une puce d'ordinateur."
Ces "laboratoires sur puces" sont 100 à 1.000 fois plus sensibles que la matrice de gel d'agarose et il n’est plus nécessaire de concentrer l'échantillon d'ADN avant le séquençage pour en favoriser la lecture, ce qui permet de gagner du temps.
Selon Aurélien Bancaud, cela permet de caractériser l’ADN en dix minutes seulement.
Le projet μLAS a fait l’objet d’un dépôt de brevet et de la signature d’un accord de licence avec la société Picometrics Technologies basée à Labège, au sud de Toulouse.
(Julie Rimbert, édité par Emmanuel Jarry)