Un promoteur allemand a fait le pari risqué de lancer la construction de villas et d'hôtels sur six îles artificielles en forme de planisphère aménagées au large du Dubaï malgré les difficultés financières de l'émirat.
Il s'agit du premier projet dont la construction est annoncée sur l'ensemble de 300 îles artificielles du projet "The World", construit par le géant immobilier Nakheel, dont les difficultés sont en partie à l'origine de la crise de la dette de Dubaï.
Lors d'une conférence de presse sur une île, encore déserte, représentant l'Allemagne, le directeur de Kleindienst Group a affirmé que son entreprise allait construire sur six îles un complexe appelé "le coeur de l'Europe", comprenant villas, palaces flottants et restaurants.
"La construction, pour un coût global de 3,1 milliards de dirhams (environ 850 millions de dollars), commencera au premier trimestre 2010 et sera achevée en 2015", a précisé Josef Kleindienst.
Interrogé sur les risques que prenait son entreprise, notamment en raison d'une possibilité de faillite de Nakheel, il a assuré qu'il ne voyait "aucun risque".
"Dubaï est une destination touristique de premier plan, et nous demeurons confiants", a encore dit M. Kleindienst dont le groupe a commencé à acquérir ces îles en 2006, avant la crise financière mondiale qui a fait chuter de quelque 50% les prix de l'immobilier à Dubaï.
Le projet englobera les six îles représentant l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, les Pays-Bas, la Suède et... Saint-Pétersbourg. L'île représentant l'Autriche abritera un "palais de l'impératrice Sissi", celle représentant les Pays-Bas accueillera les restaurants et les boîtes de nuit, alors que celle symbolisant la Suisse sera "la plus romantique", selon M. Kleindienst.
Nakheel, qui fait partie du conglomérat public Dubai World en difficulté, est le promoteur de certains des projets les plus audacieux de Dubaï dont une île artificielle en forme de palmier, Palm Jumeirah, déjà achevée, The World et un troisième ensemble d'îles artificielles, Palm Jebel Ali, dont les travaux semblent suspendus.
Sous l'effet de la crise financière mondiale, Nakheel avait dû suspendre les projets d'une tour d'un kilomètre de haut et d'une nouvelle cité, Waterfront, qui fait deux fois la superficie de Hong Kong.
Les travaux d'aménagement des 300 îles formant The World ont été achevés en janvier 2008, et 70% d'entre elles ont été vendues, selon un porte-parole de Nakheel qui a refusé de préciser le coût de ces travaux.
Mais pour le moment, les îles demeurent désertes, à l'exception d'une seule, représentant le Groenland, sur laquelle une maison témoin entourée d'arbres a été construite et vendue.
Outre la difficulté de construire sur des îles auxquelles l'accès ne peut se faire qu'en bateau ou en hélicoptère, le promoteur devra réaliser lui-même les travaux d'infrastructure.
M. Kleindienst a affirmé que les villas que son entreprise construira seront dotées de panneaux solaires.
L'annonce du début de la construction sur ces îles intervient au jour où Dubai World a entamé des négociations avec ses créanciers au sujet du rééchelonnement d'une dette de 22 milliards de dollars.
Le gouvernement de Dubaï avait pu payer il y a une semaine des obligations islamiques d'une valeur de 4,1 milliards de dollars de Nakheel qui parvenaient à maturité grâce à une aide de dix milliards de dollars d'Abou Dhabi, mais le géant immobilier demeure en difficulté.
L'émirat de Dubaï est confronté à des difficultés financières qui ont porté sa dette publique à quelque 100 milliards de dollars, mais doit inaugurer malgré tout le 4 janvier la tour la plus haute du monde, qui s'élèvera à plus de 800 mètres.