Volkswagen (DE:VOWG_p) pourrait faire un premier geste dimanche lors du salon automobile de Detroit (Etats-Unis) pour desserrer l'étau des autorités américaines qui l'accusent d'être réticent à coopérer dans l'enquête sur le scandale des moteurs truqués.
Matthias Müller, qui a pris les rênes du géant allemand en urgence en septembre, devrait présenter dans un hôtel de Detroit (nord) ses excuses publiques lors de sa première visite sur le sol américain depuis la révélation de cette affaire retentissante qui ébranle le deuxième constructeur automobile mondial.
"Vais-je m'agenouiller? Je ne pense pas", a souri M. Müller en décembre, ajoutant sur un ton plus sérieux qu'il allait présenter ses excuses et escomptait tourner la page et "regarder de l'avant avec optimisme et confiance".
M. Müller, qui doit s'exprimer lundi vers 01H00 GMT devant un parterre de journalistes, pourrait aussi dévoiler les premières mesures que compte prendre le groupe allemand pour reconquérir la confiance perdue des consommateurs et des régulateurs, selon une source proche du dossier.
Il pourrait annoncer le rachat d'un peu plus de 100.000 véhicules diesel (2 et 3 litres) à leurs propriétaires américains, soit un cinquième des 600.000 voitures équipées dans le pays du fameux logiciel truqueur destiné à fausser les tests antipollution, avance cette source. Une autre hypothèse aurait également été évoquée, poursuit la source, dans les discussions avec les autorités américaines: Volkswagen étudierait aussi la possibilité de proposer un véhicule neuf à ces clients en échange de leur automobile.
Des ajustements devraient être effectués sur les autres voitures, ce qui pourrait prendre plusieurs jours dans les garages des concessionnaires, poursuit la source.
De telles annonces seraient de nature à apaiser la frustration des autorités américaines envers le fabricant des Golf, Polo et Passat, selon les analystes.
"Il est nécessaire qu'il (Volkswagen) trouve un compromis" avec les autorités américaines, avance Eric Lyman, chez TrueCar, d'autant que le 14 janvier, l'Autorité de la qualité de l'air de Californie doit rendre son avis sur les solutions de remise aux normes soumises par Volkswagen.
Contactés par l'AFP, ni le groupe ni l'agence environnementale américaine (EPA) ayant fait éclater cette affaire n'ont répondu aux sollicitations de l'AFP.
- Détourner l'attention -
Après Detroit, Matthias Müller doit rencontrer à sa demande mercredi à Washington Gina McCarthy, la chef de l'EPA.
Aucun rendez-vous n'a encore été officiellement annoncé avec des responsables du département de la Justice, qui a décidé de poursuivre cette semaine le groupe et ses marques haut de gamme Porsche et Audi.
Le ministère leur réclame au moins 20 milliards de dollars, soit jusqu'à 37.500 dollars pour chaque véhicule affecté et au moins 2.750 dollars par logiciel installé.
Un autre front judiciaire s'est ouvert dans une quarantaine d'Etats, dont New York et le Connecticut (nord-est), qui ont dénoncé vendredi le manque de coopération du constructeur allemand dans leurs enquêtes.
"Notre patience a des limites", a tonné le ministre de la Justice de l'État de New York, Eric Schneiderman, qui accuse le deuxième constructeur mondial de se réfugier derrière la loi allemande sur la vie privée pour refuser de remettre à la justice des courriels et autres communications de ses dirigeants. Ces documents sont pourtant nécessaires, selon M. Schneiderman, pour déterminer les responsabilités individuelles.
Une enquête interne a montré que le "dieselgate" était dû à "un enchaînement d'erreurs" commises par le "management intermédiaire", a indiqué Volkswagen qui assure coopérer "étroitement avec les autorités américaines".
Le groupe allemand a reconnu au total avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de voitures dans le monde, un scandale qui a fait fondre sa capitalisation boursière et conduit au départ de son ex-patron Martin Winterkorn.
Les ventes mondiales de la maison mère de VW, Porsche, Audi et de cinq autres marques de voitures (Bentley, Bugatti, Lamborghini, Seat et Skoda) ont baissé l'an dernier pour la première fois depuis 2012 (-2% à 9,93 millions unités) lui coûtant la couronne de premier constructeur mondial détenue par le japonais Toyota (T:7203). La marque Volkswagen elle-même accuse son premier recul (-5%) de ventes depuis 13 ans.
Volkswagen espère également détourner quelque peu l'attention de ses démêlés juridiques en dévoilant à Detroit une version hybride de son SUV Tiguan.