Le Brésil a de nouveau fortement revu à la baisse jeudi sa prévision de croissance pour 2012 et annoncé de nouvelles mesures pour relancer la sixième économie mondiale qui tourne au ralenti.
"La prévision de croissance a été réduite à 2% pour cette année 2012", alors qu'elle était auparavant de 3%, a déclaré le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, au cours d'une conférence de presse à Brasilia.
M. Mantega a cependant affirmé que l'économie donnait déjà des signes de reprise, estimant que le PIB brésilien progresserait de plus de 4% en 2013.
Fin juillet, le gouvernement avait déjà revu sa prévision de croissance du PIB à la baisse de 4,5% à 3% en raison de l'impact de la crise économique mondiale.
Sa nouvelle prévision se rapproche de celles des marchés (+1,6%) alors que le Fonds Monétaire international (FMI) maintient sa prévision à 2,5%, bien en-deçà des +3,5% attendus en moyenne mondiale, ou encore des chiffres estimés pour le Mexique (+3,9%) et la Chine (+8%).
Le secteur le plus touché aujourd'hui est celui de l'industrie qui, selon les marchés, devrait se contracter de 1,8% cette année.
"Le plus important aujourd'hui c'est de savoir quelle sera la vitesse de croisière de la croissance du Brésil, et d'atteindre un bon rythme, ce doit être la priorité de la politique économique. On ne doit pas se focaliser sur la croissance de cette année", a déclaré à l'AFP l'analyste Roberto Troster, ex-économiste de la Fédération brésilienne des banques.
Lanterne rouge des BRICS
Pour M. Troster, le Brésil est touché par la crise internationale, mais pâtit aussi de ses problèmes intérieurs, et du manque de politiques visant à promouvoir la production et la compétitivité.
L'économie brésilienne n'a progressé que de 0,5% au deuxième trimestre 2012 par rapport à la période correspondante de 2011, le taux de croissance le plus faible des cinq économies émergentes des BRICS : 7,6% pour la Chine, 5,5% en Inde, 4% en Russie et 3,2% en Afrique du Sud.
Pour lutter contre la crise et stimuler le marché de l'emploi M. Mantega a annoncé jeudi que 25 secteurs de l'industrie et des services seraient exonérés de cotisations patronales à partir de janvier 2013.
Ajoutés à ceux déjà annoncés en 2012, ce sont en tout 40 secteurs qui vont pouvoir cesser de verser les cotisations à la Sécurité sociale.
Cela représentera 6,5 milliards de dollars de manque à gagner pour l'Etat en 2013, et 30 milliards de dollars pendant quatre ans, a précisé le ministre.
Les industries, qui adhèrent à cette mesure, s'engagent en revanche à verser une taxe sur les ventes.
Le ministre a souligné que cette mesure avait pour but d'augmenter les emplois, de baisser les coûts et de rendre la production brésilienne plus compétitive.
En plus des exonérations de cotisations patronales, l'Etat a décidé cette semaine d'une réduction de jusqu'à 28% de la facture d'électricité pour les entreprises en 2013.
"Avec toutes ces mesures, nous pouvons assurer que l'an prochain l'économie brésilienne aura une croissance supérieure à 4%. Nous avons déjà des signes de reprise", a affirmé le ministre.
Le gouvernement avait déjà annoncé l'octroi de concessions, en grande partie au secteur privé, pour des investissements de 66 milliards de dollars dans la modernisation ou la construction de routes et de voies ferrées au cours des 25 prochaines années.
La Banque centrale a par ailleurs baissé fin août son taux d'intérêt directeur pour la neuvième fois consécutive depuis un an, à 7,5% l'an pour encourager le crédit.
L'économie brésilienne avait enregistré une croissance de 2,7% en 2011 après une progression de 7,5% en 2010.