La Première ministre britannique Theresa May tentait mardi de rallier son partenaire de coalition, le Parti unioniste d'Irlande du Nord DUP, à un accord dans les négociations du Brexit après le veto qu'il lui a opposé la veille.
Un accord portant notamment sur la frontière entre les deux Irlande, un des points-clé des négociations sur la sortie du Royaume-uni de l'Union européenne, semblait imminent lundi: il prévoyait un rapprochement des réglementations de l'Irlande du Nord avec celles de l'Irlande après le Brexit afin d'éviter la réintroduction d'une frontière physique pour contrôler les mouvements des biens et des personnes.
Cette frontière avait disparu après l'accord du Vendredi Saint en avril 1998, mettant un terme à trente ans d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais.
Mais c'était compter sans le refus du DUP. Farouchement opposé à un "alignement réglementaire" avec l'Irlande, qui différencierait l'Irlande du Nord du reste du Royaume-uni, le petit parti unioniste a menacé de retirer son soutien au gouvernement de Theresa May, qui ne dispose que d'une faible majorité parlementaire.
Alors que Theresa May est censée retourner à Bruxelles d'ici la fin de la semaine, elle va devoir déployer des trésors de diplomatie pour débloquer la situation à moins de dix jours d'un sommet européen qui doit décider de passer ou non à la seconde phase des négociations, sur la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Ce nouveau contretemps dans les négociations a immédiatement pesé sur la livre britannique, qui s'est affaiblie, à 88,18 pence pour un euro contre 87,55 pence lundi vers 15H00 GMT quand la possibilité d'un accord était encore l'hypothèse.
- Bruxelles attend un signe de Londres-
Sur la frontière irlandaise, "quelques différences demeurent qui demandent davantage de négociations et de consultation", a commenté sobrement lundi Theresa May. Elle devait s'entretenir mardi au téléphone avec la cheffe du DUP, Arlene Foster, et avec la cheffe du parti nationaliste irlandais Sinn Féin en Irlande du nord, Michelle O'Neill.
Tandis que l'horloge continue de tourner, le ministre des Finances de Mme May, Philip Hammond, a tenté d'insuffler de l'optimisme, se disant "très confiant" en arrivant à Bruxelles mardi pour une réunion des ministres des Finances de l'UE.
Le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, s'était lui aussi montré optimiste la veille, affirmant qu'un accord lui semblait encore possible "dans le courant de la semaine".
Mardi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a affirmé que Bruxelles était "prêt à reprendre les discussions avec le Royaume-Uni à tout moment dès que nous aurons un signe du gouvernement britannique indiquant qu'il est prêt".
Le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis, a assuré devant les députés que "des progrès ont été faits" et que "nous sommes maintenant proches de conclure la première phase des négociations et se commencer à parler des futurs accords commerciaux".
"Nous voulons nous assurer qu'il n'y aura pas de frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du nord", a-t-il ajouté, et en même temps, "nous devons respecter l'intégrité du Royaume-Uni", a-t-il déclaré, sans préciser comment Londres, qui veut quitter le marché unique européen, compte concilier les deux.
Le revers essuyé lundi par Theresa May a provoqué la colère de l'opposition travailliste, qui l'a qualifié de "honte" par la voix de son référent en matière de Brexit Keir Starmer. M. Starmer a également dénoncé les "dangereuses lignes rouges" du gouvernement sur le marché unique et demandé l'abandon du 29 mars 2019 comme date de sortie de l'UE.
La question de la frontière irlandaise est l'un des trois domaines, avec la facture du divorce et le statut des citoyens de l'UE, dans lequel des "progrès suffisants" sont attendus avant d'ouvrir une seconde phase des négociations portant sur les futures relations commerciales qu'il tarde à Londres de démarrer.