Le président Barack Obama a mis en garde vendredi contre un Brexit trop houleux, qui serait néfaste à la sécurité des pays occidentaux déjà inquiets de la politique de la Russie à l'égard de ses anciens satellites.
"Personne n'a intérêt à des négociations conflictuelles et prolongées" sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a lancé le président américain au cours d'une rencontre avec les dirigeants de l'UE, avant un sommet de l'Otan à Varsovie.
Les Etats-Unis s'inquiètent particulièrement des risques qu'une telle incertitude ferait peser sur l'économie mondiale.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a rétorqué qu'il appartenait au Royaume-Uni d'engager ces négociations à la suite du référendum du 23 juin mais assuré que l'UE les aborderait dans un esprit constructif.
"Nous devons engager les négociations. Et je ne le ferai pas, comment dire, de manière hostile", a déclaré M. Juncker, concédant qu'il était de "l'intérêt de tous" que Londres reste un partenaire solide.
"La Grande-Bretagne ne va pas jouer un rôle moindre dans le monde", a assuré le Premier ministre britannique démissionnaire David Cameron, répondant aux craintes que son pays, puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, ne perde de son influence en quittant l'Union européenne.
Les tensions avec la Russie ont été relativisées par François Hollande, alors que l'Alliance atlantique va renforcer sa présence militaire en Europe orientale pour rassurer ses nouveaux membres, inquiets depuis la crise ukrainienne.
"L'Otan n'a pas du tout vocation à peser sur les relations que l'Europe doit avoir avec la Russie, et, pour la France, la Russie n'est pas un adversaire, n'est pas une menace", a déclaré le président français à son arrivée à la réunion.
- Quatre bataillons -
Plusieurs Etats membres de l'Alliance atlantique, y compris les Etats-Unis, considèrent toutefois que l'Europe et l'Otan sont confrontées à un défi sécuritaire sans précédent dû à la résurgence de la puissance russe.
"Notre alliance transatlantique vit peut-être son moment le plus important depuis la fin de la Guerre froide", a averti le président Obama dans une tribune parue dans le quotidien Financial Times.
Face à Moscou, l'Otan suit un double mot d'ordre : fermeté dans l'affaire ukrainienne et dialogue pour tenter de bloquer la spirale des tensions provoquées par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014.
"La Guerre froide, c'est de l'histoire et cela doit rester de l'histoire", a martelé le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, qui a annoncé une prochaine rencontre du conseil Otan-Russie au niveau des ambassadeurs dès le 13 juillet.
Dans un tel contexte, l'UE, potentiellement affaiblie par la sortie du Royaume-Uni, et l'Otan ont annoncé à Varsovie un renforcement de leur coopération, notamment dans l'échange de renseignements.
Pour les hôtes polonais du sommet comme pour leurs voisins baltes, qui redoutent le précédent ukrainien, la décision la plus importante attendue à Varsovie concerne le déploiement de quatre bataillons multinationaux, de 600 à 1.000 soldats chacun, en Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne.
Devançant cette annonce, M. Obama a confirmé le déploiement prochain de 1.000 soldats américains en Pologne.
La Grande-Bretagne, pour sa part, s'est engagée à envoyer 650 soldats, 500 en Estonie et 150 en Pologne. La Belgique en dépêchera 150, comme la France.
Tout en faisant l'éloge du pays hôte, M. Obama l'a cependant sommé de sortir de l"'impasse" politique liée à la réforme du Tribunal constitutionnel polonais entamée par le gouvernement conservateur, qui risque, selon l'opposition, de conduire à sa paralysie et qui inquiète les institutions européennes.
Le président Vladimir Poutine a quant à lui appelé Paris et Berlin à faire pression sur le gouvernement à Kiev pour qu'il applique les accords de paix de Minsk, censés mettre un terme au conflit avec les séparatistes prorusses.