Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a minimisé mardi le risque de grève et nié toute volonté de privatisation, tandis que les défenseurs des "petites lignes" donnaient de la voix en pleines consultations du gouvernement sur la réforme de la compagnie ferroviaire.
Sur franceinfo, M. Pepy s'est dit "persuadé que l'écoute, la concertation, la négociation (allaient) permettre d'éviter une grande grève", soulignant l'intérêt des cheminots "à ce qu'il y ait un avenir pérenne pour la SNCF".
"Plus il y a de concertations, moins il y a de tensions", a ajouté M. Pepy, reconnaissant toutefois "l'inquiétude" de ses effectifs, après la présentation la semaine dernière du rapport de Jean-Cyril Spinetta qui lance une quarantaine de pistes de réformes pour la SNCF, dont la fin du statut des cheminots à l'embauche.
Interrogé sur la possibilité d'une privatisation de la SNCF, son président a fermement écarté cette hypothèse: "j'ai entendu parler ici ou là de privatisation. Même pas en rêve!", s'est-il exclamé avant de souligner que le rapport élaboré par l'ancien patron d'Air France (PA:AIRF) suggérait de transformer la SNCF, établissement public, en "société nationale, qui ne peut pas être privatisée".
Le statut de société nationale à capitaux publics préconisé par M. Spinetta était d'ailleurs celui de la SNCF jusqu'en 1982.
Ledit rapport "en aucun cas, en aucun cas, en aucun cas n'envisage la privatisation du service public ferroviaire", a confirmé la ministre des Transports, Elisabeth Borne, à l'Assemblée nationale.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, majoritaire chez les cheminots, a annoncé dès vendredi une mobilisation le 22 mars.
L'éventuelle transformation de cette mobilisation en grève nationale dépendra des annonces du Premier ministre, Edouard Philippe, a-t-il précisé mardi matin sur Europe 1, demandant à rencontrer le chef de l'exécutif.
M. Martinez suggère "un plan de financement pour moderniser" le réseau ferré français et revendique des "citoyens égaux dans leur accès à la mobilité", alors que le rapport Spinetta pose la question de la desserte des zones rurales.
Le gouvernement poursuivait mardi des consultations entamées la veille autour des pistes de réforme.
- 'Mort lente' -
Reçue dans la matinée à Matignon, la Fnaut, la principale association d'usagers des transports, s'est dite "inquiète" de la remise en cause de "petites lignes" ferroviaires, réclamant qu'un "grand nombre" d'entre elles soit maintenu.
"Les petites lignes sont petites vues de Paris mais elles sont grandes d'un point de vue local", a déclaré son président, Bruno Gazeau.
"L'important, c'est de vérifier ligne par ligne quelle est la bonne façon d'assurer la mobilité. Et je ne doute pas qu'y compris sur les petites lignes, il faudra conserver du transport ferroviaire, bien entendu", a déclaré le Premier ministre, Edouard Philippe, devant les députés.
De son côté, Mme Borne rencontrait les présidents des conseils régionaux, dont certains ont fait part de leur inquiétude sur le même sujet. Dans son rapport, M. Spinetta relève que ces lignes représentent 16% des concours publics au secteur ferroviaire, pour moins de 2% des voyageurs.
Le porte-parole du parti Les Républicains, Guillaume Peltier, a mis en garde le gouvernement, lui demandant de "ne suivre en rien les recommandations du rapport Spinetta sur la question des lignes du quotidien. Nous serons (...) des défenseurs acharnés de la France des provinces et de ce droit fondamental pour tous les travailleurs dans les territoires de se déplacer".
Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF avaient rencontré séparément lundi Mme Borne pour lui présenter leurs "limites" quant aux pistes évoquées.
Jean-Cyril Spinetta a dit espérer qu'à l'issue des concertations, "des décisions raisonnables, qui sont celles que recommande le rapport, pourront prévaloir".
"Cette réforme est indispensable" a-t-il lancé sur CNews, mettant en garde contre un "déclin inéluctable", voire une "mort lente" de la SNCF si aucune mesure n'était prise pour lui permettre de "gagner des parts de marché dans un environnement concurrentiel".
"Si nous voulons sauver le système ferroviaire, disons-le clairement, nous devrons prendre des décisions", a ajouté Edouard Philippe. Il doit annoncer la méthode et le calendrier de la réforme lundi 26.
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