PARIS (Reuters) - Valérie Pécresse, qui souhaite faire entendre une voix dissonante de celle de Laurent Wauquiez à droite, met en garde le probable futur président des Républicains (LR) contre toute velléité de rapprochement avec le Front national et contre la tentation du "populisme" dans un entretien publié lundi.
Interrogée par Le Monde sur son avenir après le scrutin interne du mois prochain, la présidente de la région Ile-de-France ne dit pas clairement si elle restera à LR dans tous les cas de figure.
Elle déclare également ne viser "aucun poste" dans la future hiérarchie.
Laurent Wauquiez souhaiterait pour sa part lui ménager une place dans l'organigramme de LR, a-t-on récemment appris dans son entourage.
"J'ai deux lignes rouges : la non-porosité avec le FN et le respect des sensibilités", a répondu Valérie Pécresse au Monde.
"Je remarque juste qu'aucun membre du FN ne m'a jamais proposé de m'allier avec lui", a-t-elle ajouté, dans une allusion transparente à Laurent Wauquiez, vers qui Marine Le Pen a fait un premier pas le 19 novembre. "Je ne fais pas de procès d'intention mais cela montre qu’il y a une tentative de rapprochement."
Tenant d'une ligne à droite toute, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes se défend régulièrement de vouloir pactiser avec le parti lepéniste, tout en revendiquant le droit de parler à ses électeurs.
Mais, pour Valérie Pécresse, "le populisme est une impasse car le FN ne s’effondrera pas".
Et, a-t-elle encore dit, le refus de Laurent Wauquiez d'appeler nommément à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen "laisse planer un doute sur un éventuel double langage".
"En façade, on affiche sa volonté de ne jamais faire d’alliance et un jour peut-être on l'acceptera. Ce doute est insupportable pour tous les Républicains", a jugé cette ex-chiraquienne, qui occupe une position médiane à droite.
En juillet, elle a renoncé à l'idée de s'aligner face au favori et fondé deux mois plus tard son propre courant, "Libres !", qui a pour but de tracer une voie entre une droite dure et celle ralliée à Emmanuel Macron.
L'élection à la présidence de LR, qui oppose Laurent Wauquiez au "juppéiste" Maël de Calan et à l'ex-"filloniste" Florence Portelli, est prévue les 10 et 17 décembre.
Avant même le scrutin, des parlementaires de droite ont fait scission en créant un nouveau parti, "Agir". Trois bannis de LR, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et Thierry Solère, ont quant à eux rejoint La République en marche (LREM) d'Emmanuel Macron.
(Simon Carraud, édité par Sophie Louet)