Portés par le relèvement de leur plafond, le Livret A et le Livret de développement durable (LDD) ont collecté 21,29 milliards d'euros de plus en octobre et pulvérisé tous les records, confirmant l'attractivité d'un placement favorisé par la mauvaise conjoncture.
Conformément à la promesse de campagne du candidat François Hollande, le gouvernement a relevé, le 1er octobre, le plafond du LDD, qui a été doublé de 6.000 à 12.000 euros, et celui du Livret A de 25%, de 15.300 à 19.125 euros.
L'effet ne s'est pas fait attendre et a surtout profité au LDD, qui a reçu 13,94 milliards d'euros de plus, soit une progression de l'encours de près de 20% en seulement un mois.
Outre le fait que le plafond du LDD a été doublé quand celui du Livret A n'a été relevé que d'un quart, le Livret de développement durable présentait plus de livrets au plafond (6,6 millions) que son cousin (5,2 pour le Livret A).
Quant au Livret A, même s'il s'agit du deuxième meilleur mois de collecte nette (versements moins retraits) de ses 194 années d'histoire, avec 7,35 milliards d'euros, octobre 2012 reste loin du record de janvier 2009, avec 18,31 milliards. Fin octobre 2012, ce sont quelque 325,5 milliards d'euros qui étaient déposés sur le Livret A et le LDD, soit 88,8 milliards de plus que fin 2008.
Les chiffres d'octobre sont d'autant plus marquants que ce mois est traditionnellement faible.
En octobre 2011, la collecte nette n'avait ainsi atteint que 390 millions d'euros sur le Livret A et le LDD et avait même été négative (retraits supérieurs aux versements) de 380 millions en octobre 2010.
Un deuxième relèvement de 25% du plafond du Livret A est prévu d'ici la fin de l'année.
La Caisse des dépôts et le Fonds d'épargne, l'entité qui centralise le Livret A et le LDD, vont pouvoir, grâce à ce surplus d'épargne, assumer l'augmentation du volume de leurs prêts, qui devraient atteindre 25 à 26 milliards d'euros en 2012.
Face au besoin de prêter aux collectivités et aux entreprises via la nouvelle Banque publique d'investissement (BPI), à laquelle s'ajoute la mission historique de financement du logement social, le Fonds d'épargne estime que les besoins supplémentaires seront d'environ 40 milliards d'euros en 5 ans.
L'assurance-vie dans une position inconfortable
Le rapport Duquesne, commandé par le ministre de l'Economie Pierre Moscovici et publié fin septembre, propose deux nouveaux coups de pouce de 25% début 2015 et début 2016, qui porteraient le plafond du Livret A à 30.600 euros. Il estime néanmoins nécessaire que soit réalisée, fin 2014 et préalablement à toute nouvelle décision, une évaluation détaillée des effets des premiers relèvements.
Après la publication du rapport Duquesne, les banques avaient prévenu, par la voix de la Fédération bancaire française (FBF), que "la hausse des plafonds (aurait) un effet sur la capacité des banques à prêter à leurs clients".
Avec l'arrivée, début 2013, du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III, les banques sont soumises à une forte pression pour augmenter leurs dépôts. Elles craignent donc l'augmentation des sommes déposées sur Livret A et LDD, dont 65% leur échappe au profit de la Caisse des dépôts.
L'autre victime désignée de ce relèvement des plafonds est l'assurance-vie, qui était déjà dans une position inconfortable depuis plus d'un an, avec une décollecte nette lors de douze des quatorze derniers mois jusqu'à septembre.
Avant la révision des plafonds, elle semblait en voie de stabilisation, d'autant qu'elle avait été épargnée par la loi de finances 2013.