Le président d'Airbus, Thomas Enders, a pressé mardi les gouvernements européens d'accepter un compromis financier sur l'avion militaire A400M, estimant qu'il était "grand temps de prendre une décision", à deux semaines de la fin des négociations.
L'avionneur ne peut pas accepter la situation actuelle, "qui pourrait mettre en danger Airbus et sa compétitivité commerciale", a jugé M. Enders, qui a menacé de mettre fin à ce programme faute d'un accord financier sur les surcoûts avec les pays clients.
"Nous ne pouvons pas poursuivre (ce programme) sans savoir quel est son financement", a déclaré Louis Gallois, lors d'une conférence de presse, demandant lui aussi une décision avant la fin du mois.
"Nous sommes prêts à négocier avec les pays", a-t-il ajouté tout en déplorant qu'aucune réunion n'était prévue avec le groupe industriel alors que les pays clients doivent se réunir jeudi à Londres.
"Notre devoir est de protéger nos intérêts, nos capacités industrielles et l'avenir d'Airbus", a-t-il insisté.
L'A400M, un programme en retard d'au moins trois ans, pourrait coûter jusqu'à 11 milliards d'euros de plus que prévu initialement. Le partage de ce fardeau financier est au coeur de pourparlers entre Airbus et ses clients, qui doivent s'achever avant la fin du mois.
EADS, la maison mère d'Airbus, a déjà pris pour 2,4 milliards de provisions et l'avionneur dépense désormais "environ 100 millions d'euros par mois" sur ce programme, a déclaré M. Enders devant des journalistes.
"Je tire la sonnette d'alarme", a dit M. Enders, qui a souligné qu'il devait garantir "la viabilité d'Airbus dans son ensemble".
Sept pays clients (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Turquie et Luxembourg) avaient signé en 2003 un contrat de 20 milliards d'euros pour 180 avions. L'Allemagne (60 avions) et la France (50) sont les deux plus gros clients.