Après les scandales à répétition de l'an dernier, Société Générale et BNP Paribas, deux des principales banques françaises, tentent de se racheter une conduite sur la question des rémunérations de leurs dirigeants et de leurs traders.
Société Générale s'était attirée l'ire de l'opinion et des pouvoirs publics en décidant, au plus fort de la crise et alors qu'elle était soutenue par l'Etat, d'attribuer des stock-options à ses dirigeants.
Cet été, BNP Paribas faisait à son tour scandale en reconnaissant avoir provisionné un milliard d'euros de primes pour ses traders sur le seul premier semestre.
Une affaire qui avait débouché sur une réforme de l'attribution des bonus au sein des banques françaises, des principes avalisés ensuite par les pays membres du G20.
Emboîtant le pas à la britannique Barclays ou à Crédit Suisse, les deux banques françaises se sont efforcées de donner des gages de transparence, en dévoilant cette semaine le montant des primes accordées à leurs traders. Mais la comparaison avec la situation qui prévalait avant la crise se révèle malaisée.
Frédéric Oudéa, le patron de la Société Générale, a ainsi indiqué jeudi que ses 2.600 traders se partageraient une enveloppe de 250 millions d'euros en 2010, en baisse de 60% "par rapport aux années précédentes".
Cette baisse apparaît toutefois logique dès lors que la banque n'a pas réussi à rééditer ses performances antérieures à la crise dans ses activités de marché. En outre, elle s'explique par la taxe de 50% imposée par le gouvernement pour la partie des bonus supérieure à 27.500 euros.
Conformément aux recommandations du G20, le solde, soit environ 300 millions d'euros, sera versé sous réserve du respect de critères de performance, en 2011, 2012 et 2013.
BNP Paribas, dont le bénéfice a doublé en 2009 pour atteindre près de 6 milliards d'euros, a annoncé pour sa part avoir mis de côté un milliard d'euros pour récompenser ses 4.000 traders, dont la moitié sera versée comptant en 2010.
Difficile encore de savoir si ce montant est réellement en baisse, les banques ne communiquant pas sur les bonus avant la crise.
Selon Les Echos, l'enveloppe globale des rémunérations (fixes et variables, hors taxe) des salariés de BNP Paribas travaillant dans les activités de marché est ainsi stable (3,3 milliards d'euros en 2009) par rapport aux années 2006/2007 d'avant-crise.
Malgré ce flou, la banque s'est vu attribuer un satisfecit par la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. "La BNP est bon élève et j'espère que l'ensemble des banques françaises vont suivre le même exemple pour qu'il y ait un peu de rigueur", a-t-elle dit.
Sans doute échaudé par l'affaire des stock-options, qui avait précipité le départ de du président d'alors, Daniel Bouton, M. Oudéa a par ailleurs annoncé qu'il renonçait à son bonus et à ses stock-options, au terme d'un exercice 2009 décevant.
D'autres banquiers avant lui s'y sont essayé pour tenter de calmer la grogne de l'opinion: le patron de Barclays a renoncé à sa prime mardi, malgré la publication d'un bénéfice pratiquement doublé.
Même le PDG de l'américaine Goldman Sachs, sous le feu des critiques pour son rôle de pompier-pyromane dans la crise, s'est contenté d'une "modeste" prime de 9 millions de dollars, quand la presse américaine évoquait 100 millions de dollars.
Cette vertu affichée des banques françaises n'a pas convaincu le Parti socialiste. Pour lui, ces bonus "pharaoniques" montrent que "les abus et les excès ont repris" comme avant la crise.