par Michelle Nichols
NATIONS UNIES (Reuters) - L'Assemblée générale de l'Onu a adopté jeudi une résolution suspendant la Russie du Conseil des droits de l'homme en raison des atteintes "flagrantes et systématiques" aux droits humains et au droit humanitaire commises en Ukraine, une mesure dénoncée par la Russie comme "illégale" et aux motivations politiques.
La résolution, soumise par plusieurs Etats membres, dont les Etats-Unis et l'Allemagne, a été adoptée par 93 voix pour, tandis que 24 pays ont voté contre et 58 se sont abstenus.
Une majorité des deux tiers des votes exprimés était nécessaire pour suspendre la Russie du Conseil des droits de l'homme, composé de 47 membres.
Il est rare que des pays soient ainsi suspendus. La Libye l'a été en 2011 du fait de la répression violente des manifestations contre le dirigeant de l'époque, Mouammar Kadhafi.
Dans la résolution adoptée jeudi, l'Assemblée générale de l'Onu exprime sa "grave préoccupation à l'égard de la crise des droits de l'homme et humanitaire en Ukraine", particulièrement les informations faisant état d'abus commis par les troupes russes.
La Russie avait déclaré en amont qu'elle considérerait comme des "gestes inamicaux" les votes pour et les abstentions, prévenant de conséquences pour les relations bilatérales avec les pays concernés, selon une note que Reuters a pu consulter.
Cité par l'agence de presse RIA, le vice-ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Guennadi Kouzmine, a déclaré que le pays avait décidé de renoncer immédiatement à son siège au Conseil des droits de l'homme, dénonçant le caractère selon lui "illégal" d'une résolution "aux motivations politiques".
Si le Conseil des droits de l'homme ne peut émettre des décisions juridiquement contraignantes, celles-ci envoient des messages politiques importants et il peut par ailleurs autoriser l'ouverture d'enquêtes.
La Russie était dans la deuxième année d'un mandat de trois ans au sein du Conseil des droits de l'homme.
(Reportage Michelle Nichols, avec Emma Farge à Genève; version française Myriam Rivet et Jean Terzian, édité par Bertrand Boucey)