La France et le Japon ont inauguré vendredi un "partenariat d'exception" sur la politique internationale, l'économie et la culture, lors d'une visite d'Etat du président François Hollande qui s'est appuyé sur les "Abenomics" pour appeler l'Europe à doper sa croissance.
M. Hollande et le Premier ministre japonais Shinzo Abe ont précisé vouloir adopter des positions communes sur de grands enjeux internationaux, accentuer les coopérations économiques en favorisant les collaborations industrielles et amplifier le rayonnement culturel des deux pays.
Cette visite d'Etat, une première pour un président français au Japon depuis 17 ans, permet de créer "une ambiance nouvelle" et constitue "une étape supplémentaire" de l'amitié franco-japonaise, s'est réjoui François Hollande lors d'une conférence de presse conjointe.
Confrontés en janvier à une prise d'otages en Algérie sur le site gazier d'In Amenas (sud), les deux pays prévoient une enceinte de dialogue "2 + 2", avec leurs ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
"Nos deux pays doivent prendre le leadership pour la paix et la sécurité", a souligné M. Abe.
Jeudi, ce dernier avait appelé la France, "grande puissance maritime", à collaborer avec le Japon "à l'heure d'un changement des conditions de sécurité dans la région Asie-Pacifique", une allusion indirecte à la Chine dont l'activité croissante dans la région inquiète Tokyo.
Par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui accompagne M. Hollande au Japon, Paris a toutefois déjà prévenu que la Chine constituait "un partenaire incontournable" de la France.
En matière économique, "nous devons ensemble susciter l'innovation et profiter des opportunités de croissance", a jugé M. Abe, dont la politique de relance budgétaire et d'assouplissement monétaire suscite un vif intérêt côté français, en pleine récession et cure d'austérité européenne.
Barrières tarifaires
Cette politique surnommée "Abenomics" comporte aussi un volet pour doper l'investissement des entreprises, via des dérégulations. M. Abe doit encore fournir des détails concrets, mais le socialiste Hollande a d'ores déjà salué les initiatives de son interlocuteur de droite.
"Cette priorité donnée à la croissance, cette volonté de lutter contre ce qui était appelé ici la déflation, cette exigence de faire en sorte que la compétitivité des entreprises soit recherchée en même temps afin qu'il puisse y avoir un soutien à l'activité, c'est une bonne nouvelle pour l'Europe, parce qu'en Europe aussi nous avons à donner priorité à la croissance", a-t-il estimé.
Il a toutefois concédé que le Japon et la France connaissaient "des situations différentes", le Japon disposant d'une banque centrale nationale autonome alors que la Banque de France est placée sous l'autorité de la Banque centrale européenne (BCE).
"Le Japon peut décider sa politique monétaire souverainement", a constaté M. Hollande, en plein débat européen sur le degré de rigueur budgétaire et monétaire à tenir pour maîtriser les déficits sans renoncer à la croissance.
Au plan bilatéral, le président français a salué les coopérations sur le plan industriel, "notamment dans le domaine nucléaire", et a appelé à "favoriser les investissements croisés".
Il a aussi indiqué que l'accord de libre-échange en cours de négociation entre le Japon et l'Union Européenne devait inclure "la réciprocité et la réduction des barrières tarifaires et non-tarifaires qui entravent les échanges".
Au deuxième et avant-dernier jour de sa visite dans la capitale nippone, M. Hollande a été reçu par l'Empereur du Japon, Akihito, avec qui il présidera un dîner d'Etat dans la soirée, et s'est rendu au siège d'une grande entreprise de télécommunication nippone, KDDI.
Dans un discours devant le Parlement japonais jeudi après-midi, il a par ailleurs publiquement soutenu l'idée d'un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU pour le Japon.