La société Française de l'Energie (ex-EGL), qui ambitionne d'exploiter le gaz des anciens bassins houillers dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine, a lancé mardi son introduction en Bourse, dans le but de donner un coup de fouet à son développement.
Cette PME installée à Forbach, en Moselle, ambitionne de fournir 5% du gaz consommé en France d'ici 2025.
Française de l'Energie compte y parvenir en exploitant du gaz de houille obtenu en extrayant le méthane piégé dans les veines de charbon, en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais.
La société mise aussi dans le Nord-Pas-de-Calais et en Belgique sur le gaz de mine, le fameux grisou tant redouté par les mineurs, présent à l'état naturel dans des anciennes galeries minières.
Fin 2015, l'entreprise n'affichait aucun revenu.
Mais la société, qui espère lever au total entre 50 et 66 millions d'euros en Bourse, veut désormais passer à l'étape suivante.
Elle prévoit notamment de racheter Gazonor, une filiale des ex-Charbonnages de France qui exploite actuellement du gaz de mine s'échappant d'anciennes mines dans le Nord-Pas-de-Calais et qui lui avait déjà appartenue.
Française de l'Energie souhaite aussi lancer la construction de la première plateforme de gaz de houille en Lorraine, pour commencer à produire dès 2017.
Les actions du groupe peuvent être souscrites depuis ce mardi et jusqu'au 7 juin, avec une fourchette indicative de prix comprise entre 27 et 35,5 euros, a précisé la Française de l'Energie dans un communiqué.
L'entreprise a déjà reçu des engagements de souscription pour environ 14 millions d'euros, de la part d'investisseurs actuels et nouveaux dont le Crédit Mutuel Nord Europe.
L'entreprise avait lancé en mars le processus de cette entrée en Bourse, mais l'avait retardée début mai. Elle voulait au préalable finaliser l'engagement de prêts à hauteur de 60 millions de la société RGreen Invest, spécialisée dans les énergies "vertes".
- Matière qui dort dans les sous-sols -
A l'origine filiale européenne du groupe australien Kimberley Oil, l'entreprise avait quitté la cote en 2013 et s'était rebaptisée Française de l'Energie en 2015.
Mais le moment est propice pour revenir en Bourse, estime son PDG Julien Moulin.
Le groupe a validé la présence de gaz sur les zones où il détient des permis, a obtenu les autorisation de forage, et est en train de négocier des tarifs de rachat d'électricité garantis sur 15 ans.
C'est aussi la bonne période pour négocier de meilleurs prix avec les entreprises du secteur para-pétrolier, actuellement en difficulté en raison de la baisse des prix de l'énergie.
Pour Mickaël Lafarge (PA:LAFP), expert pétrole et gaz chez Ernst and Young, l'entreprise bénéficie également de l'image plutôt favorable du gaz, moins polluant que d'autres énergies comme le pétrole, dans la foulée de l'accord de Paris sur le climat.
Le gaz de houille "n'est peut-être pas l'avenir de l'énergie in fine" mais peut-être celui "de la transition énergétique", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le groupe pourrait toutefois pâtir selon lui de l'instabilité actuelle sur le marché mondial, où "à très court terme, l'offre de gaz va être très importante, avec notamment en France la livraison prochaine des premiers bateaux de gaz de schiste en provenance des Etats-Unis".
Dans tous les cas, "on a un fort passé lié au charbon en France, avec tout un tas de réseaux de mines qui ont accumulé du gaz depuis des dizaines d'années. Vouloir valoriser une matière première qui dort dans les sous-sols est au crédit de la société", a-t-il remarqué.
Française de l'Energie assure de son côté que son mode de production lui assure de rester compétitif.
"On n'injecte rien, on ne fore pas profond, on va seulement dans des zones déjà complètement dérisquées par le charbonnage, on n'a pas besoin de le traiter", a expliqué Julien Moulin lors d'une conférence de presse.
Surtout, l'entreprise prévoit de vendre sa production "en circuit court" aux acteurs locaux, limitant ainsi les coûts de transport.
Le groupe ne prévoit pas de devenir un gros employeur, évoquant quelques centaines de postes à moyen terme. Mais il espère dégager d'ici 2025 un chiffre d'affaires de 490 millions d'euros.