Michelin va investir 800 millions d'euros dans ses activités en France, mais compte aussi cesser la production de pneus poids lourds et supprimer 700 postes à Joué-lès-Tours pour faire face à la baisse de la demande en Europe.
L'atelier poids lourds de cette usine d'Indre-et-Loire cesserait sa production d'ici le 1er semestre 2015, a précisé dans un communiqué le géant du pneumatiques.
200 salariés seront maintenus sur le site pour travailler dans les produits dits "semi-finis" déjà fabriqués sur place, c'est-à-dire des tissus métalliques et des membranes en caoutchouc.
"Parmi les 730 autres, 250 pourraient bénéficier d'un aménagement de fin de carrières", précise le groupe dans un communiqué. "Chacun des 480 salariés restants se verrait proposer deux postes correspondants à ses compétences sur un autre site de Michelin en France." Le géant du pneumatiques prévoit aussi un accompagnement pour ceux qui préfèreraient partir.
"L'usine ne ferme pas", a assuré sur RTL le patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, pour rassurer les salariés de l'usine, à l'arrêt lundi et dans laquelle aucun camion n'entrait. Plusieurs centaines salariés s'étaient réunis dans la cour de l'établissement, certains venus avec leur conjoint et le délégué CGT, Claude Guillon, a avertit que "si l'usine doit brûler, elle brûlera".
La CGT a appelé à des arrêts de travail et à manifester le 19 juin à Clermont.
Le groupe va ouvrir des négociations "au plus vite" avec les représentants du personnel, a promis Jean-Denis Houard, le directeur de l'usine dans une interview à l'AFP. Il a aussi assuré qu'il y aurait "énormément d'aides à la mobilité" et a rappelé que Michelin prévoit par ailleurs d'aider à la création de 730 nouveaux emplois dans le bassin de Tours.
Le gouvernement, confronté à un nouveau coup dur industriel qui vient s'ajouter à une liste d'emblèmes comme les hauts-fourneaux de Florange ou l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, a assuré qu'il travaillera pour "pour que les choses se déroulent de la meilleure des façons", selon le ministre de l'Economie Pierre Moscovici.
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a promis de son côté de demander au groupe "un certain nombre de précisions".
Michelin continuera de produire à l'avenir des pneus poids lourds dans l'Hexagone dans son usine de La Roche-sur-Yon, en Vendée, qui bénéficiera d'un investissement de 100 millions d'euros en machines et de la création de 170 emplois. Sa capacité de production doublera d'ici 2019 pour atteindre 1,6 million d'unités par an, dont 75% destinée à l'exportation.
Même raison que pour Goodyear Amiens Nord
"Nous avons pris cette décision pour renforcer la compétitivité de nos usines en France", a souligné M. Senard, faisant valoir que l'atelier à Joué-lès-Tours était trop petit pour être maintenu.
Michelin souffre en effet de la baisse de la demande en Europe pour le pneu poids lourds, qui a diminué selon lui de 25% par rapport à 2007. C'est la même raison qui pousse l'américain Goodyear à vouloir fermer son usine d'Amiens Nord.
Ces mesures s'inscrivent dans un projet plus large de Michelin qui prévoit en tout un investissement de 800 millions d'euros et la création de près de 500 postes d'ici 2019 dans l'Hexagone.
Il veut ainsi augmenter sa production de pneus de génie civil et agricole et de produits semi-finis dans ses sites de Montceau-les-Mines, du Puy-en-Velay et de Troyes, avec à la clé de nouveaux emplois.
Il va aussi investir 220 millions pour moderniser son centre de recherche et développement et d'innovation à Clermont.
Le groupe de Clermont-Ferrand, un des trois mastodontes du pneu à l'échelle mondiale avec Goodyear et le japonais Bridgestone, va en revanche cesser de produire en Algérie. Ses activités de fabrication de pneus poids lourds et de ventes de pneumatiques seront cédées au groupe algérien Cevital, dans un premier temps à hauteur de 67% puis de 100%. La production s'arrêtera fin 2013, indique Michelin qui précise que Cevital "s'est engagée à proposer à chacun des 600 salariés de l'usine un emploi dans l'une de ses activités dans le pays".
Tout ceci se traduira pour le groupe par une provision de 135 millions d'euros de charges exceptionnelles au premier semestre.