Le démantèlement programmé de Dexia concerne de très près les finances des Etats belge et français, qui sont déjà actionnaires de la banque et apporteront leur garantie à son financement, pour un coût qui devrait être a priori limité mais pas sans risque.
Question: Quelle est l'exposition des Etats français et belge en tant qu'actionnaires de Dexia ?
Réponse: Ils détiennent chacun 5,73% du capital. La participation de la France est logée dans la Société de prise de participation de l'Etat (SPPE), créée en 2008. La SPPE évaluait, à début juin, la valeur de ses titres à 300 millions d'euros et l'Etat français ne risque donc pas plus que ce montant en tant qu'actionnaire. Aligner cette valorisation sur le cours actuel de l'action Dexia reviendrait à enregistrer une perte d'environ 180 millions d'euros.
Q: Que risquent les clients épargnants de la banque?
R: Les dépôts des clients particuliers en Belgique (Dexia n'a pas de banque de détail en France, ndlr) sont garantis à hauteur de 100.000 euros, en vertu d'une directive européenne adoptée après la crise financière de l'automne 2008.
Q: Sur quoi porterait la garantie apportée par les Etats à Dexia ?
R: Dexia s'est engagé dans un démantèlement ordonné. La banque va donc céder tous les actifs qui peuvent l'être, ou devoir leur trouver des partenaires: cela concerne notamment la banque de détail en Belgique, l'activité de financement des collectivités locales en France, la filiale turque DenizBank.
Ne resteraient, à moyen terme, dans la coquille Dexia que quelques actifs, dont un portefeuille de titres hérité de la gestion précédente. Ce portefeuille comprend environ 95 milliards d'euros d'obligations, 2,7 milliards supplémentaires de titres américains et un peu moins de 30 milliards d'engagements sur des collectivités dans le monde, soit 125 milliards au total.
Les obligations dans ce portefeuille sont, pour l'essentiel, de bonne qualité et ont, par nature, une durée de vie. Elle est de 12 ans en moyenne environ. Il suffit donc, en théorie, d'attendre qu'elles arrivent à échéance.
Mais ces titres ont été achetés à l'époque avec des fonds empruntés sur les marchés, avec une échéance. Il faut donc régulièrement renouveler ces emprunts en trouvant de nouveaux fonds sur les marchés.
La garantie proposée par les Etats porterait sur ces nouveaux emprunts, pour permettre à Dexia, réduit à sa plus simple expression, d'attirer des investisseurs disposés à lui prêter, en attendant que la totalité des actifs du portefeuille soient arrivés à échéance.
Q: Quel serait le coût de cette garantie pour les Etats ?
R: Sur la forme, la garantie est identique à celle déjà accordée à Dexia en 2008 par les Etats belge, luxembourgeois et français, qui permettait à la banque d'emprunter jusqu'à 150 milliards d'euros sur les marchés.
Cette première garantie n'avait rien coûté aux Etats et avait même permis, au final, d'alimenter leurs caisses grâce à la prime que leur versait Dexia en contrepartie de ce soutien.
"Les Etats eux-mêmes ne vont pas garantir davantage que ce qu'ils ont garanti il y a quelques années", a fait valoir mercredi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
Le ministre français de l'Economie François Baroin a, lui, expliqué que l'opération "(n'alourdirait) pas la dette de l'Etat français" car Bruxelles n'intègre pas les garanties aux établissements financiers dans le calcul de la dette publique.
Sans impact immédiat sur les finances publiques, la garantie n'est pas pour autant sans risque. Si Dexia venait à ne pas rembourser un ou plusieurs emprunts réalisés sur les marchés, les Etats s'y substitueraient et honoreraient alors les créances, ce qui aurait un coût équivalent pour les finances publiques.