GENEVE (Reuters) - Quelque 251 personnes, dont 62 enfants, ont été exécutées par des milices dans la province du Kasaï, dans l'ouest de la République démocratique du Congo (RDC), entre mars et juin, selon un rapport de l'Onu publié vendredi.
Les violences décrites dans ce rapport, basé sur des témoignages de personnes ayant fui le Kasaï, une province de l'ouest de la RDC, pourraient relever de crimes contre l'humanité, selon les enquêteurs des Nations unies.
"À travers leurs récits, c’est un avertissement très sérieux qui est adressé au gouvernement de la RDC, afin d’agir sans délai pour empêcher que cette violence ne bascule dans un processus de purification ethnique à plus grande échelle", a dit Zeid Raad Al Hussein, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.
"J’appelle le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’acquitter de son obligation première de protection des personnes de toutes origines ethniques dans le Grand Kasaï", poursuit-il dans un communiqué.
La milice Kamuina Nsapu, qui combat les forces gouvernementales depuis août 2016, a exécuté au moins 79 personnes, selon l'Onu. Une grande partie des effectifs des Kamuina Nsapu sont des enfants - fille et garçon - pour beaucoup âgés de 7 à 13 ans.
D'après les témoignages, la milice Kamuina Nsapu aurait organisé des assassinats ciblés, y compris contre des militaires, des policiers et des agents de la fonction publique.
Une autre milice, les Bana Mura, aurait été armée et soutenue par les chefs traditionnels locaux et par l’armée et la police, selon le rapport, pour attaquer les communautés Luba et Lulua accusées de complicité avec les Kamuina Nsapu.
Des témoins parmi les Luba et les Lulua ont déclaré que les Bana Mura avaient décapité, mutilé et abattu leurs victimes. Certaines ont même été brûlées vives dans leurs maisons.
D'après Scott Campbell, responsable de l'Afrique centrale et occidentale au Haut Commissariat de l'Onu aux droits de l'homme, ces violences pourraient être utilisées par le gouvernement pour retarder encore la tenue de l'élection présidentielle.
"Il est impossible de déterminer si le gouvernement essaye de retarder la tenue des élections", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Genève.
"Nous craignons que (les violences) soient utilisées afin de décaler la tenue des élections, ce qui pourrait engendrer d'autres violences et violations des droits de l'homme."
Le mandat du président Joseph Kabila, qui a succédé à son père après son assassinat en 2001, devait s'achever le 19 décembre dernier et la Constitution lui interdit d'en briguer un nouveau, mais l'élection de son successeur a été repoussée faute de moyens.
En vertu d'un accord conclu en décembre avec des partis d'opposition, l'élection doit se tenir avant la fin de l'année.
(Tom Miles, Arthur Connan pour le service français)